VIDEO. Accord de libre-échange du Mercosur : le bœuf argentin de La Pampa va-t-il envahir les supermarchés français ?
Ce matin-là, on entendait parler occitan sur le plus grand marché aux bestiaux d'Amérique latine, qu'un groupe d'éleveurs aveyronnais était venu visiter. En moins de trois heures, quelque 9 000 bêtes seront vendues aux quatre coins du monde. Un lot de vaches de moins bonne qualité partira pour la Chine, à un prix défiant toute concurrence, 1,30 euro du kilo vif, bien moins que les 4,50 euros que pratiquent les Français, dépités : "C'est donné...", "On n'est pas compétitifs", "Et en plus, elle est bonne, leur viande"...
Ces éleveurs français se sentent menacés par un accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Mercosur, le "marché commun du Sud" dont fait partie l'Argentine (avec le Brésil, la Bolivie, le Paraguay et l'Uruguay). Dans ce pays, il y a plus de bovins que d'habitants : 53 millions de têtes de bétail pour 46 millions d'Argentins. Le bœuf argentin pourrait-il bientôt inonder le marché français ?
Cet accord autorise l'exportation vers l'Europe de 99 000 tonnes de viande bovine chaque année, avec des droits de douane réduits. Comparé aux 6,6 tonnes de bœuf consommées chaque année sur le Vieux Continent, c'est peu, mais suffisant pour inquiéter les éleveurs de l'Aveyron. Ils redoutent l'arrivée d'une viande vendue à des prix plus bas car moins coûteuse à produire (ici, pas de bâtiments à construire ni entretenir) et soumise à des normes moins contraignantes (hormones de croissance et OGM autorisés, absence de traçabilité individuelle…).
La Pampa, royaume de l'élevage extensif
Mais les conditions d'élevage extensif dans La Pampa, une province au centre de l'Argentine où les vaches broutent en liberté dans des pâturages démesurés, peuvent-elles être comparées à celles des petites exploitations françaises ? "On a moins de maladies, moins de concentration, moins de contamination", fait valoir un propriétaire argentin de 3 000 têtes de bétail. L'élevage, ici, nécessiterait donc moins d'antibiotiques.
Avant que le bœuf argentin moins taxé arrive dans les supermarchés français, l'accord (auquel l'UE a donné son feu vert le 6 décembre 2024, la France s'étant opposée à une adoption du texte en l'état) devra être ratifié, et la procédure est complexe. Pour entrer en vigueur, il faudrait qu'il soit approuvé par le Parlement européen et par chaque Assemblée de chaque Etat membre...
Extrait de "Les Aveyronnais de La Pampa", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 20 février 2025.
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