Face à Donald Trump, l’UE fait les yeux doux à l’Inde

Le retour de Donald Trump, et la perspective d’une guerre commerciale y compris contre ses alliés, pousse à une recomposition rapide des échanges bilatéraux. Menacée de barrières douanières par les États-Unis, l’Union européenne (UE) avait déjà laissé entendre qu’elle pourrait se rapprocher de la Chine, jusqu’alors présentée comme un « rival systémique », et renforcer ses liens avec le Mexique et le Canada également mis sous pression par le nouveau président états-unien.

C’est désormais avec l’Inde, pion essentiel du dispositif indo-pacifique mis en place par Washington pour endiguer la puissance chinoise, que se tournent les Vingt-Sept.

Assurer des débouchés pour la production continentale

« Nous aspirons à un partenariat plus étroit avec l’UE. Je suis convaincu que de solides relations entre l’Inde et l’Espagne et une forte collaboration entre l’Inde et l’UE peuvent constituer un facteur de stabilité dans un monde turbulent », avait déclaré le ministre indien des Affaires extérieures, S. Jaishankar, lors de sa dernière visite en Espagne, les 13 et 14 janvier derniers.

Cette diversification des relations, qui vise à assurer des débouchés pour la production continentale, répond également à la proposition de l’hyperprésidente de la Commission, Ursula von der Leyen, de rédiger un nouvel agenda stratégique sur l’Inde et l’ensemble de la zone Pacifique.

Une mission confiée à Kaja Kallas, représentante pour les Affaires étrangères, et au commissaire chargé du commerce et de la sécurité économique, Valdis Dombrovskis. Lorsqu’il occupait la présidence états-unienne, Barack Obama (2009-2017) avait précisément opéré un pivot stratégique vers l’Est dans le but de contrer l’influence chinoise. Un redéploiement qui devait alors amener les États-Unis à se désengager du Moyen-Orient.

Un ordre mondial plus inclusif

Côté indien, on souligne le renforcement du partenariat avec l’UE est essentiel du fait de l’évolution stratégique mondiale et notamment l’invasion russe de l’Ukraine, le poids grandissant de la Chine et les bouleversements potentiels liés au retour de Donald Trump.

Si le président indien Narendra Modi est l’un des plus fidèles alliés du locataire de la Maison Blanche sur le plan idéologique, il pourrait lui aussi être gêné par les conditions édictées à Washington qui entravent les échanges. Et surtout placent les États-Unis en position ultra-dominante et ses partenaires en situation de vassalité.

L’UE et l’Inde défendent également toutes deux une vision du multilatéralisme qui tranche avec l’unilatéralisme promu par Donald Trump. Le géant indien, qui devrait bientôt se hisser au rang de troisième économie mondiale, n’a pas renoncé à jouer un rôle de premier plan dans les affaires mondiales et à bâtir un ordre international plus inclusif.

Perçu par le Nord global comme une puissance d’équilibre face à la Chine, le pays avait été très critiqué pour sa neutralité dans la guerre entre la Russie et l’Ukraine et pour avoir poursuivi ses achats de pétrole russe à des prix réduits malgré les sanctions. Mais les coûts d’exportation ont triplé et le client indien commence à lui tourner le dos. Une donne qui devrait l’obliger à diversifier ses échanges.

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