Hôpitaux ciblés, privation de nourriture, violences sexuelles… « De bonnes raisons de penser que des crimes de guerre continuent à être commis au Darfour », selon la CPI

Une situation dramatique qui ne fait qu’empirer. Tandis que la Cour pénale internationale (CPI) a ouvert en 2023 une nouvelle enquête pour crimes de guerre dans cette région touchée par le conflit qui oppose depuis plus de deux ans l’armée soudanaise aux paramilitaires des Forces de soutien rapide, la procureure adjointe de cette juridiction, Nazhat Shameem Khan, a émis un message d’alerte, jeudi 10 juillet.

« Sur les bases de nos enquêtes indépendantes, la position de notre bureau est claire : nous avons de bonnes raisons de penser que des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité ont été commis et continuent à être commis au Darfour », dans l’ouest du Soudan, a-t-elle indiqué, devant le Conseil de sécurité de l’ONU, sans désigner de possibles responsables.

« Les choses peuvent encore empirer »

Pour parvenir à cette conclusion, les équipes d’enquêteurs se sont appuyées sur « des activités intenses du bureau ces six derniers mois et lors des périodes précédentes ». La procureur a précisé que les recherches s’étaient concentrées durant cette période sur les crimes commis dans l’ouest du Darfour, en interrogeant notamment les victimes ayant fui au Tchad voisin.

« Nous nous réunissons à un moment où il semble difficile de trouver les bons mots pour décrire l’ampleur de la souffrance au Darfour », a tenté d’expliquer Nazhat Shameem Khan, qui a ajouté que la situation humanitaire avait « atteint un niveau intolérable ».

Et de lister : « Hôpitaux, convois humanitaires et autres objets civils semblent pris pour cible. La famine augmente et l’aide humanitaire n’atteint pas ceux qui en ont un besoin urgent ». Sans compter la population « privée d’eau et de nourriture », « le viol et les violences sexuelles » qui sont utilisés comme arme, ou encore « les enlèvements contre rançon ou pour renforcer les rangs des groupes armés » qui sont devenus monnaie courante. « Et pourtant, ne nous faisons aucune illusion, les choses peuvent encore empirer », a-t-elle ajouté.

La CPI avait déjà été saisie en 2005 par le Conseil de sécurité de l’ONU concernant la guerre civile qui avait fait 300 000 morts au début des années 2000. À la fin de l’année 2024, le procès contre Ali Mohamed Ali Abd-Al-Rahman, connu sous le nom de guerre d’Ali Kosheib, s’était déroulé à La Haye. Dans ce dossier, la décision des juges de la CPI est d’autant plus attendue qu’il s’agit d’une première concernant les crimes commis au Darfour il y a 20 ans.

Ce chef de milice soudanais a été jugé pour 31 chefs d’accusation de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, notamment de meurtre, de viol, de torture, de pillage et de traitements cruels.

« Je veux dire clairement à ceux qui sont sur le terrain au Darfour en ce moment, à ceux qui infligent des atrocités inimaginables à la population, qu’ils ont peut-être un sentiment d’impunité – comme a pu l’avoir par le passé Ali Kosheib – mais nous travaillons intensément pour que le procès d’Ali Kosheib ne soit que le premier », a insisté Nazhat Shameem Khan. Elle a toutefois indiqué ne pas pouvoir donner plus de détails sur les enquêtes en cours, assurant que des progrès « concrets, positifs et importants » avaient été faits.

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