Le sujet n'était pas à l'ordre du jour de la rencontre entre Donald Trump et Xi Jinping, organisée dans la nuit de mercredi 29 au jeudi 30 octobre en Corée du Sud, mais le président américain, adepte des coups d'éclat et des annonces fracassantes, l'a glissé de lui-même à l'agenda, avec une annonce surprise, faire comme souvent désormais sur son réseau social, quelques minutes seulement avant de croiser son homologue chinois.
"À cause des programmes d'essai d'autres pays", écrit le président américain, "j'ai instruit le département de la Guerre - c'est la nouvelle appellation de son ministère de la Défense - de tester nos armes nucléaires sur des bases équitables. Ce processus va commencer immédiatement". En quelques lignes, voilà donc Donald Trump qui annonce la reprise des essais nucléaires par la première puissance mondiale, alors que Washington n'en a pas réalisé depuis plus de 30 ans, s'engageant même depuis dans des discussions portant sur l'interdiction de ces essais.
La décision est donc majeure, et en attendant de voir si elle se concrétise, elle survient à un moment qu'on imagine choisi par la Maison Blanche. L'annonce est en effet intervenue quelques minutes seulement avant que Donald Trump ne croise le président chinois, et au cours d'une semaine où Vladimir Poutine a donné dans la propagande militaire, enfilant son treillis pour l'occasion, et défiant Washington en bombant le torse pour annoncer les essais concluants de nouvelles armes élaborées par Moscou.
Une réponse à Moscou
Le président russe a d'abord confirmé la réussite des essais d'un nouveau missile, le Bourevestnik, d'une "portée illimitée" et capable de tenir en échec les systèmes d'interception, selon le Kremlin. Annonce jugée "inappropriée" par Washington, mais sur sa lancée, le président russe assurait mercredi que Moscou avait testé, là encore avec succès, le lancement d'une super-torpille à propulsion nucléaire, baptisée Poséidon, et décrite comme une arme "sans égale" dans l'arsenal nucléaire mondial.
Des déclarations à prendre avec précaution, car elles s'inscrivent dans une vaste et classique opération de propagande, arme préférée du Kremlin. Moscou n'aime rien plus que de montrer ses muscles, et de laisser planer une menace diffuse, alors même que ses resultats militaires en Ukraine restent limités au vu des moyens mobilisés. Ces armements, aussi performants et menaçants qu'ils puissent être sur le papier, ne sont par ailleurs ni réellement opérationnels pour le moment, ni développés à une échelle industrielle.
La course aux armements gagne du terrain
La force de dissuasion russe n'en reste pas moins bien présente, et on notera que ces sorties autour du nucléaire ressurgissent à quelques mois de l'expiration du traité New Start, qui limite les capacités de la Russie et des États-Unis, et qui est censé prendre fin en février 2026, s'il n'est pas prolongé.
Tout cela maintient indéniablement une atmosphère rappelant celle de la Guerre froide, alors qu'au-delà des gesticulations, la course aux armements gagne du terrain un peu partout sur la planète. Dans ce domaine, il faut d'ailleurs souligner les progrès, plus discrets mais bien réels, de la Chine. Une escalade qui s'inscrit dans une période où les luttes d'influence entre superpuissances se répandent, de l'Afrique à l'Indo-Pacifique, en passant par l'Arctique.
Déjà concret en Ukraine, l'affrontement pourrait aussi se prendre forme au Venezuela, pays autour duquel Washington déploie des moyens militaires conséquents, et ou la Russie vient de convoyer chez son allié de Caracas un avion-cargo militaire dont la cargaison reste un mystère...