« Les milliardaires n’ont jamais été aussi riches » : sept prix Nobel d’économie exhortent la France à adopter la taxe Zucman

Objectif : taxer l’extrême richesse. Sept prix Nobel d’économie ont appelé ce lundi 7 juillet dans une tribune au journal Le Monde, à mettre en place un impôt plancher sur les patrimoines des ultra-riches en France sur le modèle de la taxe Zucman. Cette dernière a été rejetée au Sénat en juin dernier alors que le gouvernement français est en quête de recettes face au déficit public.

Avec l’impôt sur les ultrariches, « la France a l’occasion, de nouveau, de montrer la voie au reste du monde », écrivent ces lauréats de la prestigieuse distinction économique dans la tribune. Parmi eux, les Nobel d’économie 2024 Daron Acemoglu et Simon Johnson, ceux de 2019 Esther Duflo et Abhijit Banerjee, ceux de 2001 George Akerlof et Joseph Stiglitz, ainsi que celui de 2008 Paul Krugman, la plupart de nationalité américaine.

Lutter contre les pratiques d’évitement fiscal

Selon ces économistes, « les ultrariches sont particulièrement prospères en France. Les milliardaires mondiaux possèdent en patrimoine l’équivalent de 14 % du PIB de la planète, d’après le magazine Forbes ; les Français près de 30 % du PIB hexagonal ». Ils pointent notamment une participation financière inégale des plus riches sur le territoire : « ils n’ont jamais été aussi riches mais ils contribuent peu ».

Taxer les patrimoines au travers d’un impôt plancher exprimé en pourcentage « est efficace, car il s’attaque à toutes les formes d’optimisation, quelle qu’en soit la nature », poursuivent ces économistes. « Il est ciblé, car il touche principalement, parmi les contribuables les plus fortunés, ceux qui ont recours à l’optimisation fiscale. »

Ce texte intervient après le rejet au Sénat en juin de la taxe Zucman du nom de l’économiste français Gabriel Zucman, prévoyant d’appliquer une « contribution différentielle » dit impôt plancher. Initialement adoptée à l’Assemblée nationale, la taxe cible les patrimoines excédant 100 millions d’euros et de s’assurer que ces contribuables ultrariches payent au moins 2 % de leur fortune en impôt. La gauche présentera à nouveau cette mesure en automne prochain lors de l’examen du projet de loi de finance. La taxe Zucman pourrait rapporter 15 à 20 milliards d’euros au budget de l’État.

« Le mouvement international est lancé »

Les auteurs de la tribune saluent aussi les discussions internationales allant en ce sens et la proposition au G20 d’instaurer un impôt minimal mondial sur les milliardaires équivalent à 2 % du patrimoine de 3 000 individus milliardaires dans le monde actuellement imposés qu’à 0,3 % en moyenne. Le texte rédigé par l’économiste français Gabriel Zucman a été rejeté en juillet dernier par les différents ministres des Finances du G20.

Dans la continuité du débat sur la justice fiscale défendu par le président Lula au G20, le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sanchez et son homologue brésilien ont de nouveau plaidé « pour une plus juste taxation des super-riches », lors du sommet pour le financement du développement sous l’égide de l’ONU début juillet, à Séville.

Pour les sept prix Nobel d’économie rien n’est perdu : « le mouvement international est lancé », affirment-ils, estimant qu’« il n’y a pas de raison d’attendre la finalisation d’un accord international, il faut au contraire y œuvrer en montrant l’exemple, comme la France a su le faire par le passé » avec l’instauration de la TVA en 1954. « Si la TVA a été l’impôt de l’après-guerre, l’impôt sur les ultrariches est celui dont nous avons besoin aujourd’hui, à l’heure de l’envolée des grandes fortunes », concluent-ils.

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