TÉMOIGNAGES. "La guerre, c’est le pire du pire qui puisse nous arriver" : en Iran, les frappes réveillent les peurs d’un peuple épuisé
Jusqu’où ira l’escalade et ce nouveau front ouvert au Moyen-Orient ? En Iran, les frappes israéliennes ont fait au moins 224 morts depuis vendredi et plus d’un millier de blessés d’après un bilan des autorités iraniennes. Le pays a annoncé la mort du chef du renseignement des gardiens de la révolution. À Téhéran et dans les villes du pays, les écoles, les mosquées et le métro de la capitale font office d’abri et sont restés ouverts toute la nuit. Les habitants doivent rester chez eux au milieu du vacarme des explosions.
Le sujet est sensible sur place, car le régime est rendu en partie responsable de la situation. Les frappes résonnent à plusieurs kilomètres autour de Téhéran, jusque chez Ava*, qui tente de rassurer son fils de 9 ans.
Elle habite à une quarantaine de kilomètres du centre-ville. "Des amies sont arrivées pour se réfugier chez nous, il y a quelques heures à peine. Alors qu’on était sur le point de se coucher, les frappes ont repris. On a entendu, je crois, une quinzaine d’explosions. On n’a pas réussi à savoir ce qui a été touché, on n’a rien vu, mais le bruit était tellement fort" confie la femme de 38 ans.
Une population plongée dans l'incertitude
Depuis le début des bombardements israéliens, Shahrzad* ne sort presque plus de chez elle. "Maintenant, mon ressenti général, c’est que j’ai un mauvais pressentiment. Il y a beaucoup d’incertitude, j’ai peur. La vie est bouleversée" explique cette habitante de Téhéran. "Avant, le quotidien était presque normal. On se plaignait du régime. Mais ce n’était pas aussi angoissant, inquiétant que ce qui se passe maintenant. La guerre, c’est le pire du pire qui puisse nous arriver".
Les autorités ont rendu le travail à distance obligatoire. Kourosh* ne peut plus ouvrir son commerce. Il dit ne pas voir comment la population va s'en sortir, le pays étant déjà plongé "dans des conditions terribles, économiques, politiques, sociales". Opposé au régime, cet homme indique ne ressentir aucun regret pour les dirigeants qui ont été tués ces derniers jours dans les frappes.
*Les identités des témoins ont été modifiées à leur demande.