« Je te dois des sous, je n’oublie pas » : Mimi Marchand de nouveau au tribunal pour du chantage sur Karine Le Marchand
Le système Mimi Marchand n’est plus à prouver. De son rôle dans la rétractation de l’intermédiaire Ziad Takieddine, au centre de l’affaire des financements libyens de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007 à ses services rendus au couple présidentiel Macron, la papesse de la presse people parisienne s’est imposée comme une actrice incontournable au sien des coulisses de la Ve République.
Mimi (surnom dérivé de son prénom, Michèle) Marchand fait de nouveau face à la justice, à partir du lundi 25 mai. Elle est soupçonnée de chantage sur l’animatrice vedette Karine Le Marchand. La communicante de l’ombre et sa victime supposée vont donc se retrouver dans la même salle d’audience, au sein du tribunal correctionnel de Paris, jusqu’au 2 juin.
« Recel de violation du secret professionnel »
L’affaire remonte à février 2020, après que la présentatrice de l’Amour est dans le pré, diffusée sur M6, a déposé plainte auprès de l’IGPN, la police des polices. Sa fille, mineure, a été photographiée le 17 février, sortant de garde à vue pour acquisition de cannabis. L’animatrice l’a appris grâce à une « source » – qui a pu « bloquer » la publication des photos contre rémunération. Mais Karine Le Marchand en est convaincue : les paparazzi ont forcément été informés par des policiers. Elle porte donc plainte.
L’enquête judiciaire qui a suivi, et dont les contours ont été révélés par Mediapart, révèle que l’agence Bestimage – fondée par Mimi Marchand – aurait été en contact avec des agents de police du XVIe arrondissement. « Dans le même dossier, la vice-procureure de la République, Mélanie Briard, a aussi demandé le renvoi d’un des photographes fétiches de la communicante, Sébastien Valiela, pour des faits de « recel de violation du secret professionnel » et « corruption active » sur des fonctionnaires, résume Mediapart. Ces derniers avaient informé le paparazzi du placement en garde à vue de la fille de Karine Le Marchand. »
Or, au moment où elle dépose plainte, l’animatrice du groupe M6 ne révèle pas aux enquêteurs que sa source n’est autre que la redoutée papesse de la presse people. Les deux femmes s’étaient déjà rencontrées en 2016, quand Mimi Marchand avait joué l’intermédiaire pour tenter de convaincre Emmanuel Macron de participer à Une ambition intime, l’émission politique de Karine Le Marchand.
Leur relation est réactivée en 2018, quand Mimi Marchand la sollicite pour un service. « Madame Marchand m’appelle un jour en larmes, parce qu’une biographie sortait sur elle, en me demandant d’interférer si possible auprès de la direction du groupe M6 afin que le contenu de ce livre et sa sortie ne soient pas relayés dans les médias », a raconté Karine Le Marchand en audition. L’animatrice aurait, selon ses propres dires, réussi son opération auprès de la direction du groupe M6.
L’auteur des clichés volés de François Hollande et Julie Gayet
Rien de choquant, donc, pour Karine Le Marchand, lorsque Mimi Marchand la prévient deux ans plus tard qu’un « jeune photographe » inconnu est venu à son agence Bestimage avec les photos de sa fille. « Je l’ai pourri, je lui ai dit que c’était débile parce que ta fille était mineure et tu es même pas sur la photo, c’est invendable », assure-t-elle, disant avoir récupéré les images contre 3 500 euros. « T’inquiète pas, ça va pas sortir », rassure Mimi Marchand.
Un premier mensonge, alors que le photographe en question, Sébastien Valiela, est un collaborateur régulier (et célèbre dans le monde des paparazzi) de Michèle Marchand et affilié à son agence. Il est notamment connu pour avoir photographié Mazarine Pingeot avec François Mitterrand en 1994 et pour être l’auteur des clichés volés de François Hollande et Julie Gayet, publiés en janvier 2014 par le magazine Closer.
« Merci Mimi, je te le revaudrai. Déjà, je te dois des sous, aurait répondu l’animatrice. Ma fille, c’est ma princesse, elle morfle déjà d’avoir une mère célèbre, je veux qu’elle soit apaisée (et sans pétard). » Un déjeuner est rapidement organisé, Karine Le Marchand « rembourse » la moitié environ et promet de compléter rapidement. Puis l’affaire réapparaît pendant l’été suivant. Karine Le Marchand renvoie un message à son interlocutrice : « Comment vas-tu ? Je te dois des sous, je n’oublie pas. » La réponse de Mimi Marchand : « On verra ça à la rentrée, les temps sont durs. Me serais pas permise de te relancer ! »
Un an plus tard, l’animatrice rappelle l’IGPN. Elle est « harcelée » par la communicante proche du pouvoir qui n’arrête pas de lui demander de la rappeler. L’animatrice dit qu’elle est trop occupée en ce moment, mais Mimi Marchand ne cesse de relancer : « Ce sera trop tard… c’est dommage pour la petite. » En interrogatoire, la papesse de la presse people a contesté toute forme de pression et assuré que c’était Karine Le Marchand qui avait « insisté » pour qu’elle prenne l’argent. La reine du people a expliqué avoir relancé l’animatrice par téléphone afin qu’elle prépare une réponse si l’affaire sortait dans la presse. La justice la soupçonne au contraire d’avoir œuvré à récupérer les photos pour exercer ce chantage.
Plusieurs policiers sont également jugés pour avoir fourni l’information de la garde à vue au paparazzi. Des hommes qui apparaissent par ailleurs dans un autre dossier qui sera jugé en même temps que l’affaire Karine Le Marchand. Ces policiers sont soupçonnés d’avoir donné des informations au photographe concernant l’arrestation à venir d’Alexandra de Taddeo et de son compagnon d’alors, Piotr Pavlenski, trois jours avant la garde à vue de la fille de l’animatrice de M6.
Les clichés de l’artiste russe à plat ventre au sol, menotté dans le dos, avaient fait la une de Paris Match. Deux jours auparavant, Piotr Pavlenski avait revendiqué la diffusion de vidéos à caractère sexuel de Benjamin Griveaux, alors candidat pour la majorité présidentielle à la mairie de Paris, précipitant son retrait de la bataille des municipales le 14 février 2020. Une exclusivité négociée… par la même Mimi Marchand, à travers son agence Bestimage pour la modique somme de 18 000 euros.
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