Sur qui Emmanuel Macron mise-t-il pour sauver Sébastien Lecornu ?

Dans l’impasse, Emmanuel Macron a préféré foncer dans le mur. Même après la censure subie par Michel Barnier en décembre 2024, même après l’humiliation vécue par François Bayrou, lundi 8 septembre, avec moins de 200 députés lui accordant sa confiance, le président de la République ne retient aucune leçon. Depuis l’Élysée, à la veille d’une journée de mobilisation sociale indécise mais au potentiel incandescent, le chef de l’État a fait le pari de ne rien changer en nommant l’un de ses premiers fidèles, Sébastien Lecornu. « À peine nommé, ses jours sont déjà comptés. Rendez-vous dans la rue », résume ainsi le sénateur PCF Ian Brossat. Pour la cheffe de file des députés insoumis Mathilde Panot, « la nomination de Sébastien Lecornu à la veille du mouvement du 10 septembre est une provocation. La même politique pour les riches, minoritaire à l’Assemblée et dans le pays ».

Sébastien Lecornu, 39 ans, ex-ministre des Armées, n’apporte aucune garantie permettant d’envisager une sortie de crise de régime. Alors que la gauche revendiquait Matignon, le chef de l’État opte pour le candidat soutenu par l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy. Il devient le septième premier ministre depuis le premier mandat du chef de l’État. Un fusible de plus ?

Des relations cordiales avec le RN

Venu de l’UMP, poulain dès 2009 de Bruno Le Maire puis d’Édouard Philippe, aujourd’hui très proche de Gérald Darmanin, ex-ministre de l’Intérieur puis garde des Sceaux, qui le considère comme son « frère », Sébastien Lecornu devra montrer patte blanche pour maintenir le « socle commun » précédemment formé avec LR. « Je souhaite que nous trouvions des accords. Je crois qu’il y a la possibilité de construire un projet qui satisfasse ce que j’appelle la majorité nationale », a prévenu le patron des Républicains et ministre démissionnaire de l’Intérieur, Bruno Retailleau, listant la baisse des dépenses publiques, la sécurité et l’immigration, à la sortie d’un bureau politique de LR.

Sans doute pas de quoi bouleverser le nouveau locataire de Matignon. Figure de l’aile droitière de la Macronie, Sébastien Lecornu milite depuis la campagne présidentielle de 2017 pour un virage définitif à tribord toute d’Emmanuel Macron, en particulier sur les questions de frontières, d’immigration et de sécurité. Dans ce sens, il entretient des relations cordiales avec le Rassemblement national (RN), dont les parlementaires le jugent « courtois ».

Est-ce cela qui a présidé au choix du chef de l’État : tendre la main, encore une fois, à l’extrême droite ? Reste que celle-ci semble décidée à pousser Emmanuel Macron à la dissolution. Sans même chercher à négocier sur le futur budget, Marine Le Pen a d’emblée, mardi soir, laissé entendre que Sébastien Lecornu serait vite censuré : « Le président tire la dernière cartouche du macronisme, bunkérisé avec son petit carré de fidèles. Après les inéluctables futures élections législatives, le premier ministre s’appellera Jordan Bardella. »

Une nomination unanimement dénoncée à gauche

Et difficile à croire que le salut de ce premier ministre libéral vienne de la gauche, où cette nomination a été unanimement dénoncée. « Emmanuel Macron s’obstine donc dans une voie à laquelle aucun socialiste ne participera. Celle qui a conduit à l’échec et au désordre et qui aggrave la crise, la défiance et l’instabilité », a acté le Parti socialiste, mardi soir, dans un communiqué, sans toutefois se prononcer dans l’immédiat sur une prochaine censure. Quant à la secrétaire nationale des Écologistes, Marine Tondelier, elle déplore que « les partis politiques de la force arrivée en tête aux dernières élections législatives », ceux du Nouveau Front populaire, n’ont pas été approchés.

« Le Président de la République choisit de nommer encore quelqu’un de son camp alors que les exigences de changement sont immenses », critique également le secrétaire national du PCF Fabien Roussel. De son côté, l’insoumis Jean-Luc Mélenchon continue de plaider pour une démission du chef de l’État. « Réponse de Macron au renversement de Bayrou : dorénavant c’est absolument comme auparavant. Seul le départ de Macron lui-même peut mettre un terme à cette triste comédie du mépris du Parlement, des électeurs et de la décence politique », écrit-il sur X.

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Le communiqué de l’Élysée indique que le nouveau premier ministre est désormais chargé de « consulter les forces politiques » en vue de l’élaboration du futur gouvernement et du prochain budget. Un simulacre d’ouverture qui ne prend plus. Mardi soir, Emmanuel Macron a acté son impuissance. Le roi est nu.

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