Assoiffé de pouvoir, le RN courtise riches et patrons
Cernée par les affaires judiciaires, Marine Le Pen aimerait faire croire que cela lui importe peu. « Je suis prête à sacrifier tous les mandats de la terre pour protéger les Français », a-t-elle clamé, dimanche. Rien n’est moins faux. Le RN veut sa place au sommet du pouvoir coûte que coûte, quitte à renier ses promesses.
Comme celle de Jordan Bardella en juin 2024, lorsqu’il assurait ne pas accepter d’être nommé à Matignon si son parti n’obtenait qu’une majorité relative à l’Assemblée, ce qu’il n’exclut plus, même avec seulement 123 députés (auxquels s’ajoutent 15 ciottistes).
L’hypothèse reste peu probable, alors l’extrême droite, qui ne souhaitait pas censurer le gouvernement il y a encore deux semaines, pousse à la dissolution. Dimanche, pour sa rentrée politique à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), Marine Le Pen a annoncé que ses troupes censureraient tout nouveau gouvernement nommé dans les prochaines semaines, s’il ne suivait pas ses exigences. À savoir s’attaquer « aux quatre grands tabous que sont l’immigration, le train de vie de l’État, les fraudes et la contribution de la France à l’Union européenne ». Elle exige qu’aucun impôt nouveau ne soit créé, y compris sur les plus riches.
À l’opposé des revendications sociales
Qu’importent donc les salaires, le pouvoir d’achat, le maintien des services publics. Des sujets qui, même sans propositions concrètes, étaient au cœur de sa campagne présidentielle de 2022, quand il s’agissait d’aller chercher des voix auprès des classes populaires et de se distinguer du projet ultralibéral d’Éric Zemmour. Visant Matignon à tout prix, le RN fait tout pour « rassurer » le grand patronat et les milieux d’affaires.
Jordan Bardella, quelques jours après avoir fait du zèle aux universités d’été du Medef, s’est ainsi fendu le 3 septembre d’une « lettre aux entrepreneurs » pour leur jurer que son parti « incarne le véritable garant de la stabilité économique ». Bref, il s’agit de maintenir le système qu’il dit combattre lorsqu’il s’adresse à des électeurs moins privilégiés.
Pour convaincre le patronat de le soutenir dans sa quête, le président du RN insiste sur des « piliers » comme la contraction de « la mauvaise dépense publique » ou « l’allégement massif des impôts de production, afin de les réduire de 20 % ». Un projet dicté par le Medef. Sans surprise, le RN refuse d’ailleurs de soutenir les revendications sociales des mouvements des 10 et 18 septembre. Il en est en réalité l’un des adversaires les plus dangereux.
Lundi, la quête de pouvoir de Marine Le Pen n’est pas passée par l’Assemblée nationale. Le matin, ses avocats ont ferraillé avec la présidence de la cour d’appel pour déplacer les dates du futur procès des assistants parlementaires des eurodéputés FN-RN. En vain, celui-ci aura lieu du 13 janvier au 12 février 2026, peu avant les municipales. Marine Le Pen ne se fiche pas de ses mandats.
En cas de législatives anticipées, elle compte d’ailleurs se présenter, bien que son inéligibilité court au moins jusqu’à la décision de l’appel, en forçant un recours auprès du Conseil constitutionnel. Fin août, la députée RN Edwige Diaz a aussi avoué que l’extrême droite se servirait d’une majorité à l’Assemblée pour faire passer la proposition de loi d’Éric Ciotti interdisant l’exécution provisoire de telles peines. Pour permettre à sa patronne de briguer un mandat présidentiel, quitte à sacrifier les intérêts des Français.
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