Aux université d’été du Medef, le patronat tire à boulets rouges sur la gauche et ses propositions économiques

Traquenard sur le court central. L’édition 2025 de la Ref (Rencontre des entrepreneurs de France), qui se tenait à Paris dans l’enceinte privatisée de Roland-Garros, s’est clôturée par un « grand oral » des dirigeants de partis, invités à débattre sur l’avenir de la France.

Un débat, ou plutôt une mise en accusation, s’agissant des trois représentants de gauche conviés, le communiste Fabien Roussel, l’écologiste Marine Tondelier et l’insoumis Manuel Bompard (Olivier Faure a décliné, retenu aux universités d’été du PS). Quelques heures plus tôt, le patronat avait doctement applaudi le catéchisme austéritaire de François Bayrou, dont le diagnostic est « totalement partagé » par le Medef, selon les mots de son président Patrick Martin.

« À ce que je sache, ce n’est pas nous qui sommes au pouvoir »

Alors, forcément la gauche n’était pas à la fête. Dans le rôle du pas très fin limier du patronat, la journaliste star de BFM Apolline de Malherbe est censée modérer le débat mais l’interpelle ainsi : « quelle est votre responsabilité dans le chaos ? Je veux bien qu’on soit responsables de tout mais que je sache, les écologistes ne sont ni à l’Élysée ni à Matignon ni au gouvernement depuis 2017 », préfère en rire Marine Tondelier, qui récolte des huées lorsqu’elle pose la question de conditionner les aides aux entreprises à des objectifs sociaux et environnementaux, puis celle de la réduction du temps de travail hebdomadaire.

Même tarif pour Manuel Bompard, venu dénoncer « la politique de l’offre d’Emmanuel Macron qui nous mène dans le mur », devant ceux-là mêmes qui en ont le plus profités, sans jamais vraiment ruisseler. Silence horrifié quand Fabien Roussel plaide à rebours des coupes envisagées un plan de relance de 500 milliards d’euros sur 5 ans pour mener une politique ambitieuse de relance.

La demande plus que l’offre. Le communiste plaide aussi pour « plus de clarté » dans les aides aux entreprises, qu’il appelle à réorienter davantage vers les PME et TPE. « Vous avez besoin de planification et de visibilité ! », interpelle-t-il la salle.

Le RN en mission séduction

Très vite le débat porte sur le budget 2026. Gabriel Attal, président de Renaissance, et Bruno Retailleau, président de LR, seuls invités à avoir annoncé voter la confiance au premier ministre, s’en font les VRP, sous les applaudissements de l’assemblée d’entrepreneurs.

Le ministre de l’Intérieur agite le spectre d’un « système social étatiste » et veut « plafonner les aides pour rendre le travail plus incitatif que l’assistanat ». « On a besoin d’un budget de rupture, on ne peut pas tourner en 2025 avec le modèle économique de 1945 », abonde Gabriel Attal, porteur d’un décret de réforme de l’assurance-chômage pour durcir les conditions d’indemnisation.

Le président du Rassemblement national Jordan Bardella, lui, est en mission séduction. Le patronat n’est pas insensible aux charmes de l’ambitieux du RN aux accents plus libéraux que ceux de Marine Le Pen. Alors il tente de prendre le gouvernement sur la droite, en appelant à liquider les normes environnementales issues du Green deal européen : « il n’y a pas eu de politique de l’offre depuis 2017, car nous n’avons pas levé les normes et les obstacles administratifs qui pèsent sur les entreprises », ose-t-il.

Paradoxe d’un homme qui semble, devant le Medef au moins, partager le constat de François Bayrou et ses orientations politiques, tout en prétendant en être le premier opposant. Le tout a des airs de débat présidentiel avant l’heure. Heureusement, le patronat n’est pas seul à avoir le droit de vote.

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