Reconnaissance de la Palestine par la France : la gauche se réjouit avec précaution, l’extrême droite se complaît dans l’indécence
Emmanuel Macron, l’a annoncé par surprise, dans la soirée du jeudi 24 juillet : la France va reconnaître la Palestine. Après avoir repoussé une première fois l’échéance suite aux bombardements du territoire iranien par Israël, le président de la République affirme que l’annonce officielle sera faite lors de l’Assemblée générale des Nations unies, en septembre prochain.
Au 25 juillet, l’armée israélienne – soutenue par les États-Unis et par de grands groupes industriels, légitimée par l’apathie de l’Union européenne – a tué 59 587 Palestiniens dans le cadre de son entreprise génocidaire, selon les estimations du ministère de la Santé à Gaza. L’enclave palestinienne est ravagée par les bombes, rongée par une famine de masse et la Cisjordanie disparaît au fur et à mesure que la colonisation israélienne se propage.
« La victoire morale est là »
Si la décision d’Emmanuel Macron a été saluée par de nombreuses voix de la gauche et du centre-gauche françaises, ces dernières ont – pour plusieurs d’entre elles – pointé une tardiveté irresponsable. « Voilà 2 fois que le Président de la République annonce vouloir reconnaître l’État de Palestine », relève le secrétaire national du Parti communiste français (PCF), Fabien Roussel, qui intime au président de la République de passer « aux actes pour sauver le peuple palestinien ». Il est ainsi clair pour ce dernier que « la paix ne peut plus attendre » et nécessite de « sanctionner Netanyahou et son gouvernement ».
« Pourquoi en septembre et pas maintenant ? », questionne également le fondateur de la France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon. « La victoire morale est là mais on connaît la technique des annonces différées de Macron, ajoute-t-il dans sa réaction publiée sur X. Depuis des mois ce type de comportement encourage la durée du crime à Gaza. » « La reconnaissance de la Palestine n’est pas une faveur, c’est un devoir, enjoint la députée européenne, franco-palestinienne, Rima Hassan. Et la France est bien à la traîne sur ce sujet pour rappel 148 États confèrent déjà la Palestine à travers le monde. »
L’ambassadrice de la Palestine en France, Hala-Abou Hassira, « salue la décision du président Emmanuel Macron », estimant que « nous vivons un moment décisif, un tournant contre l’indifférence, un tournant contre l’anéantissement d’un peuple, notre peuple, le peuple palestinien ».
Marine Tondelier, la secrétaire nationale d’Europe Écologise-Les Verts (EELV), poursuit quant à elle en rappelant qu’il « faut désormais mettre en œuvre tous les moyens pour mettre un terme au génocide et à la famine qui règnent à Gaza, ainsi qu’au nettoyage ethnique en cours en Cisjordanie ».
Le premier secrétaire du Parti socialiste (PS), Olivier Faure, demande que la reconnaissance de l’État de Palestine soit « assortie de sanctions tant que durera le génocide en cours : l’aide humanitaire doit pouvoir être librement acheminée. La presse doit pouvoir travailler en sécurité. Les ventes d’armes doivent être proscrites ». À droite de l’échiquier politique, l’ancien premier ministre et locataire du Quai d’Orsay, Dominique de Villepin, estime que l’annonce d’Emmanuel Macron « honore nos valeurs universelles, mais elle nous oblige à agir immédiatement ».
L’extrême droite s’aligne sur Tel Aviv et Washington
La prochaine reconnaissance de l’État de Palestine a néanmoins été attaquée par l’extrême droite française, dont l’inscription dans la rhétorique d’une décision soi-disant « précipitée » démontre son alignement derrière le régime génocidaire dirigé par Benyamin Netanyahou, comme derrière l’administration Trump. Le premier ministre israélien a notamment estimé que la France « récompense la terreur » et la Maison Blanche, à travers la voix du secrétaire d’État Marco Rubio, rejette « fermement » l’annonce d’Emmanuel Macron, évoquant une décision « imprudente » qui ferait reculer la paix.
Il n’est donc guère étonnant de voir les chefs de file de l’extrême droite française condamner la reconnaissance d’un « État Hamas et donc (d’un) État terroriste », selon les termes de la porte-étendard – condamnée à une peine d’inégibilité – du Rassemblement national (RN), Marine le Pen. « Il n’y a, dans ce geste, aucune fidélité à l’histoire de la France, bien au contraire, et encore moins un gage de paix pour Israël, estime-t-elle. Si l’espoir nous a toujours portés vers une solution à deux États, cette décision légitime les massacreurs du 7 octobre et leur cortège de souffrances, alors même que des otages sont toujours détenus. »
Même réaction pour le président du RN, Jordan Bardella, pour qui « la reconnaissance d’un État palestinien par Emmanuel Macron dans quelques jours accordera au Hamas, mouvement terroriste islamiste, une légitimité institutionnelle et internationale inespérée ». Le député européen ajoute que la décision du président de la République est, selon lui, « précipitée ». Une position que reprend, au mot près, le président de l’Union des Droites pour la République (UDR), Éric Ciotti.
Ce dernier y voit ainsi « une décision précipitée, prise pour de pures raisons électoralistes et indécentes après les massacres du 7 octobre ». Des prises de position alignées sur Tel-Aviv et Washington, dont le seul objectif est de prolonger les massacres à des fins impérialistes. À savoir : obliger les civils gazaouis et cisjordaniens ayant survécu à abandonner leurs terres ravagées, et ainsi, signer l’arrêt de mort d’un futur État palestinien.
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