Syrie : entre liesse populaire et recomposition régionale

Près d’une semaine après la fuite de Bachar al-Assad, des milliers de Syriens ont souhaité célébrer la chute du régime baasiste en se rassemblant dans plusieurs villes. Sur place, l’AFP constate qu’à Damas, Alep, Soueida : « L’ambiance est à la fête » et « beaucoup brandissent le drapeau à trois étoiles ». Des manifestations qui ont également eu lieu dans la capitale syrienne dans l’immense cour de la mosquée des Omeyyades que les nouvelles autorités organisées autour du groupe islamiste sunnite Hayat Tahrir al-Cham (HTC) ont encouragées. « Je veux féliciter le peuple syrien pour la victoire de la révolution et je les appelle à descendre dans les rues pour exprimer leur joie », a exhorté dans une vidéo sur Telegram, Abou Mouhammad al-Joulani, (de son vrai nom, Ahmad al-Chareh).

Alors que la Turquie, acteur majeur dans la fin du règne des Assad sur la Syrie avec les miliciens de l’Armée nationale syrienne (ANS), Ankara multiplie les attaques notamment à Manbij dans la zone autonome kurde du nord-est syrien. L’objectif des autorités turques est de constituer une zone tampon entre sa frontière méridionale et le Kurdistan syrien. La visite du chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, depuis jeudi soir en Turquie, a abouti à une première interpellation. Face à aux groupes pro-turcs qui ont lancé leur propre offensive contre les FDS (Forces démocratiques syriennes), dominées par les Kurdes et soutenues par les États-Unis, il a rappelé jeudi leur rôle « d’essentielle » pour empêcher une résurgence de l’État islamique en Syrie.

Washington évoque un accord sur Gaza

Lors d’une conférence de presse conjointe avec le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, ce vendredi à Ankara, le secrétaire d’État a affirmé : « Notre pays a travaillé très dur (…) pour assurer l’élimination du califat territorial de l’EI, pour garantir que cette menace ne revienne plus. Et il est impératif que nous poursuivions ces efforts ». Réponse de son homologue turc, « Nos priorités incluent d’assurer la stabilité en Syrie le plus rapidement possible, d’empêcher le terrorisme de gagner du terrain, d’éviter l’État islamique et le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) d’y dominer ».

À l’occasion de cette visite, Antony Blinken a également évoqué des « signes encourageants » vers un cessez-le-feu à Gaza. Au moins 45 000 personnes ont trouvé la mort dans l’enclave palestinienne qui subit des bombardements israéliens depuis le 7 octobre 2023, des crimes de guerre et de génocide. « Nous avons discuté de Gaza et nous avons discuté, je pense, de l’opportunité (…) de mettre en place un cessez-le-feu. Et ce que nous avons vu ces dernières semaines sont des signes aussi encourageants que possible », a confirmé le secrétaire d’État.

Dans cette recomposition à l’œuvre en Syrie, Ankara va également apparaître comme un partenaire privilégié de l’Europe. L’Union européenne a annoncé vendredi le lancement d’un pont aérien humanitaire destiné à la Syrie, via la Turquie. « Les vols d’aide financés par l’Union européenne transporteront un total de quelque 50 tonnes de fournitures médicales issues des stocks de l’UE à Dubaï, qui seront acheminées à Adana, en Turquie, pour distribution à travers la frontière dans les prochains jours », a expliqué la Commission dans un communiqué. Un « partenariat » entre l’Europe et la Turquie qui avait déjà été à l’œuvre au moment de l’afflux de réfugiés syriens, en 2015. Bruxelles avait signé un accord migratoire UE-Turquie en 2016, pour éviter d’avoir à gérer l’accueil en échange d’une aide financière de près de 4 milliards d’euros.

Alors que les principales puissances internationales ont toutes lancé des échanges diplomatiques avec le nouveau pouvoir en Syrie, l’UE a également établi un premier contact. C’est ce qu’affirme un haut responsable européen à l’AFP précisant qu’il s’agit d’une relation opérationnelle et non politique. L’UE dispose d’un chargé d’Affaires pour la Syrie, en résidence à Beyrouth.

Être le journal de la paix, notre défi quotidien

Depuis Jaurès, la défense de la paix est dans notre ADN.

  • Qui informe encore aujourd’hui sur les actions des pacifistes pour le désarmement ?
  • Combien de médias rappellent que les combats de décolonisation ont encore cours, et qu’ils doivent être soutenus ?
  • Combien valorisent les solidarités internationales, et s’engagent sans ambiguïté aux côtés des exilés ?

Nos valeurs n’ont pas de frontières.

Aidez-nous à soutenir le droit à l’autodétermination et l’option de la paix.
Je veux en savoir plus !