TÉMOIGNAGE. "Nous sommes pris d’une peur immense" : un père de famille raconte sa crainte après le blocage de l'aide à Gaza par Israël

Israël a annoncé, dimanche 2 mars, l'arrêt de l'envoi d'aide humanitaire vers Gaza. Le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, entend ainsi faire pression sur le Hamas alors que les négociations sur la suite à donner à la première phase de la trêve patinent.

Des soupirs dans la voix, Eyad Amawi cache mal son désespoir depuis cette annonce des autorités israéliennes. Cet ancien employé de l'hôpital al-Aqsa à Deir el-Balah, dans la bande de Gaza, est reconverti aujourd'hui dans l'humanitaire, il prévient que cette décision risque d'être désastreuse pour la population sur place.

"C'est très compliqué pour moi de nourrir mes proches et mes enfants"

Via Internet, Eyad Amawi nous envoie des photos de ses quatre enfants. Il dit que c'est à eux qu'il pense en premier mais aussi à tous ces orphelins à qui il vient en aide : "En tant que père de famille, c'est très compliqué pour moi de nourrir mes proches et mes enfants. La réalité, c'est que l'aide qui entrait était déjà à peine suffisante pour nous maintenir en vie. On a besoin de paix, que la vie reprenne, je le dis encore et encore."

Au-delà des aides humanitaires, il craint que cette annonce ne soit le prélude à des décisions encore plus graves. "Nous sommes pris d'une peur immense notamment pour ces enfants innocents et ces vieilles personnes qui ont déjà été déplacées des dizaines de fois, indique Eyad Amawi. En tant que père, j'ai vraiment peur que cette guerre reprenne. Le monde nous a abandonnés. On est livrés à nous-mêmes."

Les Nations unies ont appelé Israël à revenir sur cette décision qui a aussi été condamnée par plusieurs capitales arabes. Des ONG ont aussi réagi et certaines, comme Oxfam, vont jusqu'à qualifier la décision israélienne de "punition collective".