Cessez-le-feu à Gaza : quatre questions sur le blocage de la deuxième phase de la trêve entre Israël et le Hamas
L'application du cessez-le-feu va-t-elle voler en éclats dans la bande de Gaza ? La trêve entrée en vigueur le 19 janvier entre Israël et le Hamas se retrouve fragilisée, dimanche 2 mars. Alors que la première phase de l'accord conclu en janvier a pris fin samedi, avec la libération de 21 otages détenus à Gaza et de 1 700 détenus palestiniens, le démarrage de la deuxième phase semble hypothétique en raison des désaccords entre les deux parties, et les tensions observées dimanche au sein de l'enclave palestinienne. Franceinfo fait le point sur une situation qui s'apparente à un blocage dans le territoire qui borde la Méditerranée.
1 Que prévoit la deuxième phase de l'accord de cessez-le-feu ?
Selon l'accord conclu mi-janvier, avec l'appui des médiateurs internationaux du Qatar, des Etats-Unis et de l'Egypte, la deuxième phase devait en théorie démarrer dimanche et durer 42 jours, comme les deux autres phases. Elle prévoit la libération des derniers otages du Hamas à Gaza et de plusieurs centaines de prisonniers palestiniens, avec le retrait des troupes israéliennes de l'enclave palestinienne. Une troisième phase doit être consacrée à la reconstruction de Gaza, estimée à 53 milliards de dollars par l'ONU.
Sans grande surprise, les négociations autour de la deuxième phase ont été âpres et les termes précis de la suite de l'accord n'ont pas été validés par toutes les parties.
2 Pourquoi cette deuxième phase ne démarre-t-elle pas encore ?
L'accord initial comporte une clause qui prolonge automatiquement la première phase tant que les négociations pour la deuxième sont en cours, ce qui est toujours le cas. Dans la nuit de samedi à dimanche, Israël a déclaré avoir accepté une proposition de dernière minute, mise sur la table par l'envoyé spécial du président américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff. Mais le Hamas a rejeté cette proposition, trop conciliante avec Israël, selon lui.
Le plan américain comporte une extension de la trêve pendant la période du ramadan et de la Pâque juive, soit jusqu'à la mi-avril. Selon Israël, la proposition américaine prévoit aussi la libération sur cette période de tous les otages encore à Gaza, en deux fois. L'Etat hébreu exige que le territoire palestinien soit complètement démilitarisé et le Hamas éliminé, alors que le mouvement islamiste insiste pour y rester.
3 Que défend le Hamas pour la suite de l'accord de cessez-le-feu ?
Jusque-là, le Hamas a campé sur son refus de discuter d'autre chose que d'une mise en œuvre de la deuxième phase, qui lui permettrait d'être débarrassé de toute présence israélienne à Gaza avant la fin du mois d'avril. Dimanche, le mouvement islamiste palestinien a rejeté la proposition d'Israël et répété sa volonté de passer à la deuxième phase prévue par l'accord initial. Il estime que le compromis américain revient à permettre à Israël de "se soustraire aux accords qu'il a signés".
Pour le Hamas, Israël "porte la responsabilité des conséquences de sa décision sur la population de la bande de Gaza et sur le sort de ses prisonniers", a déclaré dimanche Hazem Qassem, porte-parole du mouvement islamiste palestinien, dans un communiqué.
4 Quelles sont les conséquences à Gaza sur le plan humanitaire et militaire ?
Les désaccords entre Israël et le Hamas font craindre une reprise des hostilités, et un tel scénario "serait catastrophique", a averti l'ONU, notamment sur l'aspect humanitaire du conflit dans ce territoire assiégé depuis 15 mois. Dès dimanche matin, Israël a décidé de mettre le Hamas sous pression. "Face au refus du Hamas d'accepter le cadre [proposé par Steve Witkoff] pour la poursuite des négociations", le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, "a décidé que, dès [dimanche] matin, toute entrée de marchandises et d'approvisionnements dans la bande de Gaza serait suspendue", a annoncé son bureau dans un communiqué.
Le Hamas a immédiatement dénoncé cette décision comme "un chantage mesquin, un crime de guerre et une violation flagrante de l'accord" de trêve. Au pouvoir à Gaza depuis 2007, il a appelé "les médiateurs et la communauté internationale à faire pression" sur Israël pour "mettre un terme à ses mesures punitives et immorales contre plus de deux millions de personnes dans la bande de Gaza".
Du côté de la situation militaire, la défense civile gazaouie a fait état dimanche en fin de matinée de tirs d'artillerie et de chars près de Khan Younès, au sud de l'enclave palestinienne, et le ministère de la Santé locale a annoncé la mort de quatre personnes, tuées par Tsahal. Les forces de l'Etat hébreu ont de leur côté déclaré avoir mené une frappe aérienne visant des suspects qui manipulaient un engin explosif, près de soldats déployés dans le nord de la bande de Gaza, afin de "déjouer la menace". Dans le même temps, les Etats-Unis ont annoncé l'accélération de l'envoi d'une aide militaire d'environ 4 milliards de dollars à Israël.