Retour du plastique à la cantine : le gouvernement recule face au lobby du secteur

Le gouvernement est en train de plier face au lobbying de l’industrie de la plasturgie, pour qui la loi interdisant l’usage du plastique dans les cantines scolaires constitue « une entrave au marché intérieur et à la liberté de commerce ».

Depuis le 1er janvier 2025, une disposition prévue par la loi Egalim proscrit « les contenants en plastique utilisés pour la cuisson, le réchauffage et le service en restauration scolaire, universitaire et accueillant des enfants de moins de six ans », afin de lutter contre l’accumulation de perturbateurs endocriniens dans les organismes des plus jeunes.

Retour des couverts et de la vaisselle en plastique

Mais le syndicat des professionnels du plastique, Plastalliance, a déjà obtenu qu’un premier décret, publié en catimini le 28 janvier, introduise certaines dérogations à l’application de la loi dans le domaine pédiatrique pour les tétines et les bagues de biberon.

Lundi 10 mars, le ministère de la transition écologique a déposé, tout aussi discrètement, un nouveau projet de décret permettant le retour des couverts et de la vaisselle en plastique sur les tables des cantines scolaires. Contacté par Le Monde, le ministère dit avoir voulu corriger une « faiblesse juridique », à savoir que « les assiettes et les couverts ne sont pas des contenants alimentaires ».

Problème sanitaire

Cela « pose un grave problème sanitaire », alerte l’Association santé environnement France (ASEF), insistant sur les conséquences à court terme d’une telle décision : Puberté précoce, baisse de la fertilité, obésité, diabète, hyperactivité, endométriose, cancers hormonaux…

« Un simple contact, aussi bref soit-il, peut entraîner un passage des particules plastiques du contenant à la nourriture servie aux enfants », pointe l’association. Pour Tania Pacheff, la porte-parole de l’association Cantine sans plastique, « c’est un scandale. Rien ne justifie ce retour en arrière. »

Du côté de l’Association nationale des responsables de la restauration territoriale (Agores), pour qui la mise en place des moyens de substitution est un casse-tête depuis plusieurs mois, c’est l’incompréhension. « Le gouvernement ne nous a pas donné d’explication, s’étonne son directeur, Maxime Cordier. Ce serait un très mauvais signal pour les collectivités et complètement incohérentOn interdirait de réchauffer le sauté de veau dans des barquettes en plastique, mais on le servirait dans des assiettes en plastique ! » Comme le souligne Tania Pacheff, il faudrait au contraire « accompagner financièrement les collectivités vers la sortie du plastique ».

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