Manifestations à Los Angeles : ce que l'on sait des affrontements en Californie, où des milliers de militaires ont été envoyés par Donald Trump
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"S'ils crachent, nous frappons, et je vous promets que nous frapperons comme jamais auparavant." Donald Trump a fortement musclé, lundi 9 juin, sa réponse face aux affrontements qui se déroulent depuis plusieurs jours à Los Angeles (Californie) entre les forces de l'ordre et des manifestants opposés aux expulsions massives de migrants illégaux. Le président américain a annoncé l'envoi de 700 marines et 2 000 réservistes de la garde nationale supplémentaires. Ils doivent renforcer les effectifs des forces de l'ordre déjà sur place après trois jours de heurts. Franceinfo fait le point sur les événements dans la deuxième plus grande ville des Etats-Unis.
Les affrontements ont commencé vendredi
Des heurts ont opposé, dès vendredi, militants et agents fédéraux de la police de l'immigration (ICE). Des œufs ont été lancés sur des véhicules de l'ICE après l'arrestation de sans-papiers. A Paramount, une banlieue à très forte majorité hispanophone de Los Angeles, des grenades assourdissantes et plusieurs personnes ont été interpellées. "De multiples arrestations ont déjà eu lieu pour obstruction à nos opérations. D'autres suivront, a prévenu samedi soir sur X le directeur adjoint de la police fédérale (FBI), Dan Bongino. Nous épluchons les vidéos pour identifier les auteurs. Vous amenez le chaos, on apporte les menottes. La loi et l'ordre prévaudront."
Des membres de la police de l'immigration se sont rassemblés, samedi matin, près d'un grand magasin de bricolage (Home Depot) où des travailleurs viennent traditionnellement proposer leurs services pour la journée. Difficile de savoir s'ils s'apprêtaient à y arrêter des personnes sans papiers ou s'ils préparaient une autre intervention, mais des opposants ont commencé à se regrouper sur place. Le bureau du shérif a alors déployé des agents sur place alors que les tensions montaient. Des manifestants ont jeté des objets sur les forces de l'ordre et tenté d'empêcher un autocar de quitter les lieux. Les agents les ont repoussés à l'aide de gaz lacrymogènes et de grenades assourdissantes.
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Des manifestants s'en sont également pris à un car de l'US Marshals Service qui sortait d'une autoroute, amenant les autorités à fermer les bretelles d'accès. Les rues ont été jonchées de débris et de caddies renversés, selon les images des médias américains, qui rapportent aussi que des manifestants ont mis le feu à un drapeau américain.
Dimanche, de violents affrontements ont de nouveau éclaté à Los Angeles. Des dizaines de manifestants ont bloqué une autoroute de la mégapole californienne pendant plus d'une heure, dans un face-à-face tendu avec les forces de l'ordre, qui ont procédé à quelques arrestations et fait usage de gaz lacrymogènes, y compris contre des journalistes. Au moins trois voitures ont été incendiées et deux autres vandalisées, alors que des manifestants circulaient dans une zone limitée du centre-ville.
Au moins une soixantaine de personnes ont été arrêtées dimanche soir à Los Angeles, tandis que la police de San Francisco, ville voisine, a également annoncé avoir interpellé une soixantaine d'individus lors de heurts. La situation a dégénéré lors d'une manifestation quand plusieurs participants "sont devenus violents", s'en prenant notamment à différents bâtiments et une voiture de police, selon la police locale.
Des milliers de militaires de la garde nationale mobilisés, des marines envoyés en renfort
Donald Trump a ordonné lundi le déploiement de 2 000 membres supplémentaires de la garde nationale, un corps de réserve. Ils s'ajoutent aux 2 100 gardes nationaux déjà mobilisés depuis samedi dans la plus grande ville de la côte ouest américaine. Quelque 700 militaires des marines vont aussi être déployés à Los Angeles, a annoncé lundi le commandement militaire américain pour l'Amérique du nord (US Northern Command).
Dans une publication sur Truth Social, Donald Trump a prétendu lundi que "Los Angeles aurait été complètement détruite" sans l'envoi de ces forces militaires. Le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, et la maire de la ville, Karen Bass, "devraient dire : 'Merci président Trump, vous êtes tellement merveilleux, nous ne serions rien sans vous'", a ironisé le dirigeant américain.
La maire démocrate a de son côté assuré que le périmètre des affrontements ne concernait que "quelques rues" du centre-ville, et non pas toute la ville, contrairement à ce qu'a affirmé Donald Trump. "La situation est inquiétante, mais les foyers de tension sont quand même localisés au sein de la ville", a confirmé Adrien Frier, diplomate et consul général de France à Los Angeles, sur franceinfo.
Le gouverneur de Californie dénonce "le fantasme fou d'un président dictatorial"
Gavin Newsom a vivement réagi aux annonces du président américain. "Les marines américains ont servi honorablement dans de multiples guerres pour défendre la démocratie. Ce sont des héros, a-t-il écrit sur X. Ils ne devraient pas être déployés sur le sol américain, face à leurs propres compatriotes, pour réaliser le fantasme fou d'un président dictatorial. C'est une attitude anti-américaine." Le gouverneur a aussi critiqué la mobilisation annoncée de 2 000 réservistes supplémentaires, alors que les premiers envoyés n'ont reçu ni eau ni nourriture, selon lui. "Trois cents sont déployés, le reste attend, inutilisé, dans des bâtiments fédéraux, sans ordres", a déclaré Gavin Newsom.
L'Etat de Californie a annoncé en parallèle qu'il engageait des poursuites en justice contre l'administration de Donald Trump, qui a décidé de l'envoi de la garde nationale sans l'aval du gouverneur. Ce corps de réserve se trouve sous la tutelle conjointe des Etats et du pouvoir fédéral, or le président américain a décidé seul de l'envoyer, contre son avis, ce qui n'était pas arrivé depuis 1965. "Ça n'a rien à voir avec la sécurité publique, cela vise juste à caresser dans le sens du poil l'ego d'un président dangereux", a asséné celui qui est considéré comme un potentiel candidat à la Maison Blanche pour 2028.
"Ne mordez pas à l'hameçon de Trump. Trump veut le chaos et a incité à la violence."
Gavin Newsom, gouverneur démocrate de Californiesur X
"Allez-y, arrêtez-moi", avait lancé Gavin Newsom, dimanche sur la chaîne MSNBC, à l'attention de Tom Homan, principal conseiller de Donald Trump en matière d'immigration et architecte de sa politique d'expulsion massive de migrants en situation irrégulière. Interrogé lundi à la Maison Blanche sur ces propos, le président américain a répondu : "Je le ferais si j'étais Tom [Homan], je pense que c'est super".