REPORTAGE. "C'est une politique mal exécutée, une mauvaise décision" : au Mexique, les ONG d'aide aux migrants préparent la bataille judiciaire

Au lendemain de l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche, les premières mesures prises par le président américain en matière d'immigration laissent les migrants et demandeurs d’asile dans l’inconnu le plus total. La frontière est fermée pour eux et le programme CBP One par lequel les demandeurs d’asile obtenaient un rendez-vous a disparu immédiatement après l’investiture. Ces personnes se retrouvent donc bloquées au Mexique, le pays les prend en charge tant bien que mal, puisque tout le monde est dans l’expectative de ce qu'il va se passer ensuite.

Dans la ville de Ciudad Juarez, Myriam Gallegos travaille pour le gouvernement de l’État mexicain de Chihuahua. À l’entrée du pont transfrontalier, elle s’adresse aux demandeurs d’asile qui viennent d’être refoulés par l’immigration américaine : "Ne vous désespérez pas, n’essayez pas de traverser la frontière illégalement. Il faut attendre."

Sans plus d’information, les autorités mexicaines réagissent dans l’urgence aux nouvelles mesures : "On va voir quelle nouvelle méthode les Etats-Unis vont mettre en place pour pouvoir entrer ou pouvoir solliciter l’asile politique. Pour instant il n’y a rien d’officiel." Désemparés, une cinquantaine de migrants la suivent dans les bureaux. "On peut vous aider à trouver une place dans un refuge", leur indique-t-elle.

"C'est important de garder la tête froide"

Les premières mesures de Donald Trump laissent des milliers de migrants, encore au Mexique, dans une impasse, explique cette juriste de l’organisation Las Americas del Paso : "Pour tous ceux qui ont reçu leur confirmation de rendez-vous avec l’obligation de s’y rendre physiquement, cela doit être respecté. Et ensuite, seulement, ils pourront mettre fin au programme et en faire un autre, un CBP Trump s’ils veulent ou qu’importe."

Selon elle, Donald Trump contourne les lois de son pays : "C'est une politique mal exécutée, une mauvaise décision. C’est pour ça que les organisations humanitaires et les ONG se battent pour pouvoir revenir sur cet ordre qui impacte beaucoup les migrants qui ont fait ce qu’il fallait, selon la loi pour entrer aux Etat-Unis de la bonne manière."

Un des décrets de Donald Trump rétablit l’ancien programme qui obligeait les migrants à attendre leur régularisation en dehors du territoire américain. Le Mexique doit s’adapter, encore une fois, aux changements de politiques américaines. "Nous avons notre propre politique migratoire. Si une personne est coincée à la frontière, nous allons agir de manière humanitaire et nous cherchons son rapatriement dans son pays d’origine, s’il s’agit d’un étranger. C’est important de garder la tête froide", a insisté Claudia Sheinbaum, présidente du Mexique.

Malgré l’invitation au calme lancée par la cheffe d’Etat, la frontière nord du Mexique s’inquiète de voir arriver prochainement des vagues de personnes expulsées qu’elle devra accueillir.