REPORTAGE. "On a tant lutté pour arriver là" : à la frontière mexicaine, des milliers de migrants sous le choc après les premiers décrets anti-immigration de Donald Trump
Comme annoncé, le nouveau président américain, Donald Trump, frappe fort à la frontière avec le Mexique, dès les premières heures de son mandat. Il avait promis de fermer l’accès aux Etats-Unis et de supprimer le programme CBP One qui permettait aux migrants de solliciter un rendez-vous pour faire une demande d’asile, c’est chose faite.
Au Mexique, des milliers de migrants principalement d’origine d’Amérique du Sud et d’Amérique centrale sont sous le choc. Dans la ville frontalière de Ciudad Juarez, au Paso de Norte, l’un des points d’entrée pour aller à pied aux Etat-Unis, ils se retrouvent perdus et sans option, obligés d’attendre de voir ce qu’il va se passer et quel système pourra remplacer l’ancien.
"Qu'est-ce qu'il va se passer pour nous dans la rue ?"
"Non mon fils, nous ne pouvons plus passer. Qu’est-ce que je dois dire à mon fils ? Qu’est-ce qu’il va se passer pour nous dans la rue ? Je n'en sais rien…" Cette femme vient d’apprendre qu’elle ne pourra plus déposer une demande d’asile aux Etats-Unis, malgré son rendez-vous programme l'après-midi : "Je trouve que c’est injuste. Ce matin encore des personnes ont pu entrer. Pourquoi nous, on ne nous donne pas cette chance ? Pourquoi ?"
Comme une centaine d’autres personnes qui attendaient depuis tôt le matin, Yaledi a eu l’espoir de figurer parmi les dernières à bénéficier du programme CBP One : "Je crois que c’est fini. L’application ne fonctionne même plus." Elle raconte que le programme a cessé quelques instants seulement après le premier discours de Donald Trump. Comme cette Vénézuélienne, des milliers de migrants encore au Mexique sont désormais dans l’inconnu le plus total : "Une nuit ici coûte 35 dollars, c’est énorme. Donc qu’est-ce qu’on doit faire ? Rester ou partir ?"
"J’ai l’impression d’avoir perdu mon temps. Sept mois de ma vie ici dans ce pays à perdre de l’argent et de l’énergie."
Yaledi, Vénézuélienne à la frontière entre le Mexique et les Etats-Unisà franceinfo
Plus de 1 450 rendez-vous étaient attribués, chaque jour, tout le long de la frontière. Ces personnes sont désormais coincées au Mexique. Nayareli Ribera du gouvernement de l’état frontalier de Chihuahua : "On n’a aucun détail pour l’instant, mais ils ne vont pas passer. Aucun passage de migrant ne sera autorisé."
"Encore une fois, il va falloir attendre"
Dans le centre-ville de Ciudad Juarez, Carly Fernandez aussi vient de recevoir un courriel d’annulation de son rendez-vous prévu en février. Elle essaye de convaincre sa famille de rester un peu en espérant qu’une solution viendra dans les jours à venir : "On a tant lutté pour arriver là... C’était un tel soulagement ce rendez-vous qu’ils viennent de nous enlever. Une opportunité pour nous de trouver du travail, de s’en sortir pour aider nos enfants. Et finalement non ? Encore une fois, il va falloir attendre. Nous allons voir. Ma sœur veut rentrer, elle est fatiguée de tout ce qu’on a enduré pour arriver ici, pour rien."
Au Mexique, on s’interroge, désormais, de savoir quand arriveront les expulsés de Donald Trump et combien ils seront.