Comme un air de guerre froide. Donald Trump a ordonné jeudi 30 octobre le test d'"armes nucléaires" américaines, sans préciser s'il s'agissait d'essais d'armements pouvant transporter des ogives nucléaires, ou directement d'essais d'ogives nucléaires, ce que les Etats-Unis n'ont pas fait depuis 1992. En cause, selon Washington : "Des programmes d'essais menés par d'autres pays", sans nommer explicitement la Russie.
Aussitôt, le Kremlin s'est montré plus prudent : la Russie a en effet annoncé ces derniers jours, et notamment par la voix de Vladimir Poutine, avoir effectué des "essais" d'armements. "En ce qui concerne les essais du Poséidon et du Bourevestnik, nous espérons que le président Trump en a été informé correctement. Cela ne peut pas être considéré comme un essai nucléaire", a ainsi réagi le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov.
"Tous les pays s'occupent du développement de leur défense", mais ces derniers essais russes "ne constituent pas un essai nucléaire", a-t-il insisté, glissant que "Le président Trump a mentionné des essais nucléaires présumés d'autres pays. Jusqu'ici, nous n'avons eu aucune information sur de tels essais".
Des armements nucléaires "imparables"
Reste que, ces derniers jours, précisément, le président russe ne tarissait pas d'éloges sur les nouveaux systèmes testés par ses forces armées. Dimanche, il s'était ainsi félicité de l'essai final réussi du missile de croisière Bourevestnik, selon lui d'"une portée illimitée" et "imparable".
Mercredi, il avait fait état, lors de la visite d'un hôpital militaire, une déclaration diffusée mercredi à la télévision publique russe, de l'essai d'un "drone sous-marin Poséidon" compatible avec des charges atomiques. "Aucun autre appareil dans le monde n'est égal à celui-là par sa vitesse et la profondeur" à laquelle il opère, avait assuré le maître du Kremlin. Avant d'affirmer qu'il n'existait "aucun moyen de l'intercepter".
Ces deux annonces intervenaient alors coup sur coup et semblaient être la réponse "musclée", en forme de défi, adressé à Donald Trump suite à la décision américaine d'imposer de nouvelles sanctions contre les deux géants des hydrocarbures russes Lukoil et Rosneft. C'est d'ailleurs une antienne du président russe : à chaque fois qu'il veut montrer ses muscles, Vladimir Poutine agite le spectre des armements nucléaires "imparables" de la Russie.
Annoncés depuis 2018
S'agissant du missile Bourevestnik ou du drone torpille Poséidon, les deux engins pourraient être armés d'une charge nucléaire et font partie de l'arsenal des nouveaux "super-armements", annoncé dès 2018. Pour ce qui est du Poséidon, des rumeurs circulaient depuis 2015. Là, il s'agirait de tests grandeur nature, notamment du système de propulsion nucléaire de ces engins, ce qui suppose que les ingénieurs russes aient réussi à diviser par 10 la taille d'un réacteur nucléaire pour le monter sur ces engins afin de les propulser.
Selon l'agence de presse officielle russe TASS, Poséidon est un drone sous-marin conçu pour la dissuasion nucléaire est capable de se déplacer à plus d'un kilomètre de profondeur, à une vitesse de 60 à 70 nœuds (environ 130 km/h), tout en restant indétectable. Il est censé équiper à terme le Belgorod, un sous-marin nucléaire mis en service en juillet 2022 et qui a les installations nécessaires pour lancer le Poséidon.
Rien d'impossible sur le papier, même si la crédibilité de la Russie a été très sérieusement écornée ces dernières années. Or, en matière de rapport de force nucléaire, tout repose justement sur la crédibilité d'une menace.