C’est sous les applaudissements que Gisèle Pelicot est arrivée au palais de justice de Nîmes, ce lundi 6 octobre après-midi, pour assister au procès en appel de l’un de ses violeurs présumés, seul des 51 accusés à avoir maintenu son appel contre sa condamnation.
Devant le tribunal, de nombreux soutiens à Gisèle Pelicot brandissaient des pancartes comme « Ras le viol » ou « Violeurs, la honte ». Une poignée de « Tricoteuses Hystériques », un collectif féministe, étaient également installées avec leurs pelotes de laine et des slogans sur tricot.
« Nous sommes là pour soutenir Gisèle Pelicot, qui est la victime de ce procès, mais également montrer que les associations féministes, les femmes, qui, je le rappelle, sont 52 % de l’électorat français, se battent pour leurs droits, a témoigné auprès de l’AFP Vigdis Morisse-Herrera, militante du collectif. Il n’y a pas de petits viols, de viols moins graves et de viols plus graves. »
L’accusé, Husamettin D., a fait une entrée beaucoup plus discrète, dissimulé derrière une casquette, un masque et des lunettes, marchant en s’appuyant sur une béquille. Condamné en première instance à neuf ans de prison, cet ex-ouvrier du bâtiment de 44 ans, qui comparaît libre notamment pour raisons de santé, risque à nouveau 20 ans de réclusion.
Un procès pour « tourner la page »
À l’inverse du premier procès où 51 accusés avaient défilé à la barre de la cour criminelle de Vaucluse pendant quatre mois, Husamettin D. concentrera sur lui seul l’intérêt sociétal et médiatique. Plus de 100 journalistes du monde entier représentant 75 médias différents sont accrédités.
Gisèle Pelicot, qui n’a fait aucune déclaration, « aurait vraiment préféré rester là où elle est et se concentrer sur sa nouvelle vie et sur son avenir. Mais elle doit en passer par là, parce que c’est la condition pour vraiment tourner la page. Donc elle y va et est combative », avait expliqué à l’AFP l’un de ses avocats, Me Antoine Camus, quelques jours avant le début de cette audience. « Le procès de Nîmes ressemblera bien davantage à un procès pour viol comme il en existe tous les jours parce que celui-ci, à la différence du précédent, aura une configuration où une victime seule fait face à son violeur seul. »
Après la constitution du jury de neuf citoyens tirés au sort qui siégeront avec trois magistrats professionnels, l’accusé s’exprimera une première fois pour dire s’il reconnaît ou non les faits qui lui sont reprochés, à savoir des « viols aggravés » sur Gisèle Pelicot, préalablement droguée par son ex-mari, la nuit du 28 juin 2019 au domicile du couple à Mazan (Vaucluse). Le président de la cour, Christian Pasta, exposera ensuite les faits, avant que soit évoquée sa personnalité.
Le « chef d’orchestre » des viols de Mazan, Dominique Pelicot, qui a été condamné à 20 ans de prison pour avoir, pendant une décennie, violé et fait violer son épouse Gisèle par des dizaines d’inconnus recrutés sur Internet, n’a pas fait appel. Il comparaîtra donc en tant que témoin mardi après-midi, avant l’interrogatoire de l’accusé.
Organisé cette fois-ci à Nîmes devant un jury populaire de la cour d’assises du Gard, ce nouveau procès doit durer jusqu’à jeudi au plus tard.
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