REPORTAGE. Cisjordanie : les enfants palestiniens privés d'école, victimes collatérales des incursions israéliennes

Ce sont les victimes collatérales de la situation sécuritaire qui se détériore en Cisjordanie occupée. Au moins 5 000 enfants palestiniens sont privés de classe, selon les chiffres divulgués par l’UNRWA, l’agence onusienne en charge des réfugiés palestiniens. À Jénine, dans le nord de ce territoire palestinien où Israël mène des opérations qui visent, officiellement, à déloger les groupes armés, les incursions ont des conséquences directes sur le quotidien des enfants.

Avec son petit frère Farouk dans les pattes, Ranim, 17 ans, nous fait visiter l’appartement familial qui prend des allures, ces jours-ci, de petite école. "On est quatre filles à avoir cours, dit-elle. Alors, comme on a classe en ligne et pour ne pas se déranger les unes les autres, chacune occupe une pièce différente de la maison. Ma grande sœur étudie dans notre chambre, ma petite sœur sur le balcon, moi dans la deuxième chambre et la dernière dans le salon. "

"On est assiégés. Si on sort, on peut se faire tirer dessus."

Ranim, 17 ans

à franceinfo

Quatre heures de cours par jour, suivis sur smartphone. Du moins théoriquement : pas d’électricité ni bonne connexion, ce jour-là. Une situation face à laquelle Rimah, la maman, elle-même enseignante, se sent bien dépourvue : "En plus, elles doivent étudier avec le bruit des chars et des bulldozers. Une fois, je me souviens, en plein cours, on a appris que l’armée se rapprochait de chez nous alors on a commencé à se préparer à partir. Les filles ont quitté les cours en ligne."

"En journée, on joue au foot et on fait du vélo"

Ranim et sa fratrie vivent confinés à la maison. C’est la façon qu’ont trouvée leurs parents de les protéger de la violence extérieure. C’est bien loin d’être le cas de tous les enfants à Jénine. À quelques encablures de là, un attroupement dans la rue. Un appartement a été visé par l’armée israélienne dans la nuit. De la fumée s’en échappe encore. Des grappes d’enfants jouent dans cette rue parsemée de traces de sang encore frais et de carcasses de voitures.

Yosr et Mohammad ont 10 et 11 ans. "Moi, ça fait 41 jours que je ne suis pas allé à l’école", commente l'un. "Moi, ça fait trois mois. En journée, on joue au foot et on fait du vélo !", ajoute l'autre. "On fait des tours dans le quartier… ", poursuit le premier. Quand on leur demande, s'ils savent ce qu'ils veulent faire plus tard, ils répondent : "Quand je serai grand, je serai combattant, c’est comme ça…" Avec cette vaste opération militaire en Cisjordanie occupée, Israël affiche le souhait d’éradiquer les groupes armés qui y opèrent, les rendant – paradoxalement – plus attractifs pour une certaine frange de la jeunesse palestinienne.