"Beaucoup sont emprisonnés" : en Iran, l'opposition n'est pas en état de prendre le pouvoir en cas de chute du régime islamique
Le conflit avec Israël fait vivre un moment existentiel à la République islamique. Israéliens et Américains ont déclaré publiquement qu'ils n'excluaient pas d'éliminer Ali Khamenei, le guide suprême, au pouvoir depuis 1989. La nation iranienne "ne se rendra jamais" sous la pression, a affirmé mercredi 18 juin l'ayatollah Khamenei à la télévision, au lendemain de l'appel du président américain Donald Trump à une "capitulation sans conditions".
Les opposants politiques, de leurs côtés, appellent à la chute du régime. Depuis son exil aux États-Unis, Reza Pahlavi, le fils du Shah déposé en 1979, a lancé un appel aux Iraniens pour faire tomber la République islamique. À 65 ans, il est une figure historique de l'opposition mais reste un inconnu pour l'écrasante majorité des Iraniens qui n'ont vécu que sous la théocratie des ayatollahs.
La répression de ces dernières années a décapité l'opposition
À l'étranger, les moudjahiddines du peuple iranien sont les plus actifs mais leur soutien à Saddam Hussein dans les années 1980, pendant la guerre Iran-Irak, les a discrédités aux yeux de nombreux Iraniens. Dans le pays, la répression du pouvoir a fait le vide. "À l'intérieur de l'Iran, une opposition existe mais elle n'est pas structurée ni organisée, estime la sociologue Azadeh Kian. À la suite du mouvement 'Femmes vie liberté' de 2022, de nombreuses personnes qui avaient dirigé ce mouvement en tant que syndicalistes, politiques ou étudiants ont été arrêtées et beaucoup sont emprisonnées. Elles ont été réprimées sauvagement par le régime."
"L'opposition intérieure n'est pas en mesure, à mon sens, de prendre le pouvoir pour succéder immédiatement au régime islamique s'il était renversé."
Azadeh Kian, sociologue iranienneà franceinfo
La majorité silencieuse des Iraniens, quant à elle, est prise en étau entre les bombardements israéliens et la poigne de fer du régime.