L’espace du temps qui passe

Ce 18 mars, les astronautes Butch Wilmore and Suni Williams sont enfin rentrés de la Station spatiale internationale (ISS)… Ils devaient rester seulement huit jours, finalement ce fut neuf mois ! Dans un renversement des rôles, ce qui a dominé les commentaires n’était pas notre surprise face à leurs aventures dans l’espace, mais leur surprise prévisible à leur retour dans l’Amérique terrestre de Trump. Un peu le miroir de Sergei Krikalev, ce cosmonaute envoyé dans l’espace par l’URSS juste avant son effondrement, resté presque un an en orbite pendant la métamorphose de la Russie !

Mais à quoi cela ressemble, vivre dans l’espace ? Certainement pas à une palpitante guerre des étoiles. Dans un inclassable ovni cinématographique, The Wide Blue Yonder, Werner Herzog entremêle pseudo-révélations sur les extraterrestres et les révolutions mathématiques de la cosmologie, avec de soporifiques mais bien réelles scènes de vie quotidienne dans l’espace. Exercice, rangement, culture, manipulations, galipettes en apesanteur… La vie après tout !

Et la mathématique, qui a accompagné toute l’histoire de l’humanité, a sa place dans cette routine spatiale. En 2013, de retour de l’ISS, l’astronaute canadien Chris Hadfield était interrogé en héros par une foule passionnée ; un attendrissant blondinet lui demanda : « À quoi servent les mathématiques dans l’espace ? »

Un temps désarçonné, il répondit, rigolard, que cela sert tous les jours. Parfois ce sont des calculs simples, comme mesurer notre taille quotidienne – avec une petite marque sur un mur, comme on fait pour les enfants qui grandissent ! –, car en l’absence de gravité terrestre on s’allonge. Et parfois des calculs plus sophistiqués de trigonométrie pour se repérer dans une navette en mouvement, préparant un rendez-vous spatial, avec le triangle formé par la Terre, la station et la navette qui l’accoste. « Et on utilise le théorème de Pythagore, le carré de l’hypoténuse, tout ça ! » répondait Hadfield à la foule hilare.

C’est banal, mais beau finalement, de se dire que dans l’exploration spatiale on n’emporte pas seulement avec soi les outils sophistiqués bâtis par un déluge technique, mais aussi les formules simples de géométrie du triangle de nos années de collège – théorème de Pythagore quand le triangle a un angle droit, et Al-Kashi quand il n’en a pas forcément. Ces relations fondamentales entre distances et angles, qui formaient le pain quotidien des géomètres du XVIIIe siècle mesurant le méridien terrestre, qui permettaient aux navigateurs arabes de fixer leur cap dès le VIIIe siècle, les voilà maintenant qui aident les astronautes dans leur routine spatiale.

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