"Des pillages parce qu'il y a beaucoup trop peu d'aides" : à Gaza, le chaos autour de l'acheminement d'aide humanitaire face à une population affamée

Des centaines de Palestiniens sont morts depuis près de deux semaines, tués par des soldats israéliens. Ils étaient venus chercher à manger dans un des quatre centres de distribution d'aide alimentaire de la Fondation israélo-américaine (GHF), dite humanitaire pour Gaza. Depuis le 19 mai, des camions de l'ONU entrent parallèlement par Kerem Shalom, au sud de l'enclave, pour ravitailler une population en proie à la faim et au chaos. Un acheminement très compliqué, car la population gazaouie dans le besoin est bien trop nombreuse et la plupart des convois sont pillés.

Dans la nuit de lundi à mardi, 59 camions avec à bord 930 tonnes de farine sont entrés à Gaza, sans escorte, sur un itinéraire non sécurisé. Ils ont été pris d'assaut, selon le Programme alimentaire mondial, par des civils affamés. À Gaza, c'est désormais la loi du plus fort, selon Youssef, un déplacé de Deir-el-Balah. "Ce matin, on s'est réveillés sous les tirs, les gens attaquaient et volaient les sacs de farine, malgré ça, les gens s'approchaient. La guerre civile est devant les portes, et on ne trouve toujours pas de pain", se désespère ce Palestinien.

Une aide encore trop insuffisante

Depuis le 19 mai dernier, 700 camions des Nations unies ont pénétré dans l'enclave. C'est, en 24 jours, autant qu'en 24 heures pendant les deux mois de cessez-le-feu au début de l'année. Jonathan Crickks, le porte-parole de l'Unicef à Jérusalem, affirme qu'il est certain que l'aide humanitaire qui a pu rentrer pendant ces quelques jours est "grandement insuffisante pour nourrir 2,1 millions de personnes".

Il décrit une situation "absolument dramatique". "On voit de plus en plus des parents qui se saisissent de colis humanitaires pour essayer de nourrir leurs familles" selon le porte-parole. "Pendant le cessez-le-feu, quand l'aide humanitaire rentrait enfin à l'échelle dans la bande de Gaza, il n'y avait pas de pillages. Le pillage est provoqué par le fait qu'il y a beaucoup trop peu d'aides qui entrent dans la bande de Gaza aujourd'hui", assure Jonathan Crickks.

Le Programme alimentaire mondial stocke aux frontières de Gaza 140 000 tonnes de nourriture. De quoi alimenter les plus de deux millions d'habitants de l'enclave.