Conclave sur la réforme des retraites : Marylise Léon affirme dans son livre que les négociations ont échoué à cause "du Medef et des politiques macronistes"

Dans son livre S'engager (Flammarion), que franceinfo a pu lire avant sa parution prévue mercredi 27 août, Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, aborde de nombreux sujets parmi lesquels le conclave sur la réforme des retraites. Selon elle, "une négociation échoue lorsque l’un des partenaires ne veut pas qu’elle aboutisse". Marylise Léon affirme que dans ce cas, "ce sont le Medef et les politiques macronistes, qui ne souhaitaient surtout pas que l’on touche à la réforme Borne, qui ont empêché le 'conclave' d’aboutir".

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Pendant quatre mois, les partenaires sociaux ont mené des discussions sur la réforme des retraites portée par Elisabeth Borne en 2023. Ce conclave avait été annoncé par François Bayrou, qui avait accepté de faire une concession au Parti socialiste pour éviter une censure de son gouvernement sur le budget 2025. Fin juin, François Bayrou avait dressé le bilan de ces discussions qui n'avaient pas permis d'aboutir à un accord.

Au début de ce conclave, Marylise Léon l'assure, "les 64 ans, la pénibilité et la retraite des femmes" sont "les trois sujets sur lesquels il faudra bouger". La syndicaliste regrette que le Medef et les politiques macronistes aient fait "des 64 ans 'un totem'" et assure ne pas pouvoir "accepter une négociation si les 64 ans ne sont pas débattus. On ne peut pas avoir manifesté pendant six mois pour rien. Place à la discussion". "Nous nous devons d’essayer d’obtenir des avancées sociales", ajoute la secrétaire générale qui affirme que la CFDT n'a "jamais envisagé de quitter les discussions".

"Je ne regrette pas d'avoir essayé, d'avoir joué le jeu du dialogue social."

Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT

dans son livre "S'engager"

Dans son livre de 188 pages, Marylise Léon aborde également la réforme des retraites de 2023 et assure que le gouvernement a "sous-estimé l’exaspération citoyenne face à cette réforme brutale et face à un président qui ne cesse de dire que les Français ont voté pour les 64 ans, oubliant le barrage à l’extrême droite". Elle dénonce une "blessure démocratique" et le "silence radio de Matignon et des ministres" pendant la mobilisation. La secrétaire générale estime que le recours au 49.3 était "un coup dur", une "déception". Marylise Léon parle d'un épisode qui "demeurera le cas d’école parfait d’une conception verticale de l’exercice du pouvoir, de sa méconnaissance et de son ignorance des organisations collectives".

Emmanuel Macron critiqué pour sa "méconnaissance du travail"

Autre point abordé dans le livre, la dissolution de l'Assemblée nationale annoncée le 9 juin 2024 par Emmanuel Macron et l'après-dissolution. Marylise Léon raconte avoir eu "peur" d’une éventuelle arrivée au pouvoir de l’extrême droite. Elle soutient que le "RN n’est pas un parti comme un autre" et défend le fait que son syndicat "appellera toujours à voter contre l’extrême droite". La syndicaliste constate que "le front républicain a fonctionné", mais déplore que l’Assemblée soit "fragmentée, divisée en trois blocs".

"Plus que la dissolution, ce qui révolte, c'est qu'un président se soit assis sur les résultats de deux élections."

Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT

dans son livre "S'engager"

La numéro 1 de la CFDT fait notamment référence au fait que le NFP (Nouveau Front populaire) soit arrivé en tête des élections législatives de 2024, devant le parti présidentiel Ensemble. Marylise Léon raconte également des souvenirs d'échanges avec Emmanuel Macron en 2015, quand il était ministre : "Ce qui m’avait frappée, c’est qu’il ne connaissait absolument pas le syndicalisme, nous en renvoyant une image poussiéreuse et datée". La syndicaliste ajoute avoir eu un échange avec Emmanuel Macron en 2017, après son élection en tant que président, et affirme que pour lui, "le dialogue social est une perte de temps, qui l'empêche d’avancer rapidement et de réformer". "Sa vision, qui témoigne d’une grande méconnaissance du travail et de la vie réelle des entreprises, est opposée à la nôtre."