Dans la lignée de la Ministre des Sports, Marie Barsacq, qui s’est dite «optimiste» après avoir constaté «un climat de travail avec une vraie prise de conscience des différents enjeux», le président de la Fédération française de football Philippe Diallo, qui réunissait lundi les acteurs du football professionnel, a appelé à une réforme en profondeur du système et lancé trois groupes de travail pour réfléchir aux moyens de sortir de la crise. «Je voulais une prise de conscience lucide et surtout que cette réunion soit fondatrice, fondatrice d'un mouvement qui doit amener le football professionnel français à se réformer en profondeur dans l'analyse de son modèle économique et dans sa gouvernance», a-t-il déclaré à l'issue de la réunion qui s'est tenue au siège de la Fédération, à Paris. Pour concrétiser cette réforme, a-t-il dit aux journalistes, «j'ai souhaité que des groupes (de travail) puissent se constituer dès cette semaine: un qui va concerner la gouvernance, un qui va concerner la stratégie économique et un troisième sur le contrôle financier».
«Il y a urgence»
Marc Keller, le président de Strasbourg, pilotera le groupe de travail sur la gouvernance, Baptiste Malherbe (directeur général de l’AJ Auxerre) aura la charge de la stratégie économique et Ivan Gazidis (président de l’AS Saint-Étienne) et Damien Comolli (président de Toulouse) dirigeront les travaux sur le contrôle financier. Chaque groupe rendra ses premières conclusions dans le courant du mois d'avril, a précisé Philippe Diallo. «Je crois qu'il y a urgence sur un certain nombre de thématiques et j'ai souhaité que ces groupes travaillent vite», a poursuivi le patron de la FFF. «Sur la base de ces travaux et des synthèses, nous verrons les voies à prendre avec la ministre (des Sports Marie Barsacq, NDLR) s'il y a nécessité d'aller sur le terrain législatif», a-t-il détaillé.
Salary-cap, modèle économique et Nasser Al-Khelaïfi
Se réjouissant de «débats sereins» dans «un climat sain» entre les présidents de clubs, loin des «débats rudes» de la fameuse réunion du 14 juillet dernier, qui n’auraient pas dû être «portés sur la place publique», Philippe Diallo s’est dit par ailleurs «favorable à des régulations» et à la mise en place «d’instruments de contrôle» à propos d’un éventuel salary-cap en France. Une réflexion tenue alors qu’«un certain nombre de clubs sont dans une très grande difficulté et pourraient être à terme menacés dans leur existence», a poursuivi le président de la 3F : «Il faut faire en sorte que le football professionnel français rebondisse, non seulement échappe à la crise, mais se mette sur une trajectoire qui fera qu’il soit encore plus attractif demain qu’il ne l’est aujourd’hui.» Pointant «un problème structurel», Diallo souhaite «questionner» le modèle économique du football français qui repose essentiellement sur «les droits audiovisuels et sur le système des transferts». «Impliquer plus fortement tous les clubs dans la gouvernance» est un autre axe de travail annoncé par le patron de la FFF, au-devant de «réformes lourdes et gros défis.»
Interrogé par ailleurs sur un éventuel conflit d’intérêts impliquant Nasser Al-Khelaïfi, en raison de ses fonctions au Paris Saint-Germain et à beIN Media Group, Philippe Diallo a souhaité rappeler que «si nous avons encore des clubs en capacité d’aller très loin en Ligue des champions, qui ont permis une attractivité de nos championnats, je pense que Nasser et le Paris Saint-Germain y ont fortement contribué lors de ces dix dernières années. Et je le remercie.»
Et d’ajouter : «S’agissant des conflits d’intérêts, je voudrais quand même rappeler qu’à LFP Média, la société qui gère les droits, la loi a déjà prévu qu’il ne pouvait y avoir de personnes qui y siègent en étant, en même temps, côté diffuseur et côté club. Donc ça, c’est un rappel de la loi et il y a un traitement fait là. Quand j’appelle à une réforme de la gouvernance, j’appelle à traiter ces questions. Rien ne sera mis de côté, il n’y aura pas de poussière mise sous le tapis.»