Sommet de l'Otan : les Alliés se préparent à tout pour éviter un coup d'éclat de Donald Trump

La guerre entre Israël et l'Iran sera évidemment à l'ordre du jour, mais l'objectif de ce sommet est tout autre. Sous la pression de Donald Trump, l'Otan s'apprête à s'engager sur une hausse spectaculaire de ses dépenses de sécurité, lors d'un sommet mardi 24 et mercredi 25 juin, à La Haye, au Pays-Bas, visant à rassurer sur le devenir de l'Alliance... et calibré pour éviter un esclandre du président américain, redouté pour son imprévisibilité.

Car c’est le scénario catastrophe que les responsables de l’OTAN veulent éviter à tout prix : que Donald Trump, lassé des débats, ne finisse par quitter les lieux plus tôt en humiliant ses alliés, comme il l’a fait au G7, au Canada, mi-juin.

Réunion raccourcie, gala et golf

Ainsi, pour éviter tout coup d’éclat du président américain, tout a été soigneusement préparé pour lui plaire. La réunion est calibrée autour de l'exigence américaine d'une augmentation globale des dépenses militaires pour tous les membres au niveau de 5% de Produit intérieur brut. Et tant pis si l'Espagne, à quelques heures du sommet, insiste et dit bénéficier d’une "exemption". Faux : une "exemption", cela n’existe pas, a corrigé le secrétaire général de l'entité, Mark Rutte, dont l'objectif est de garder les Etats-Unis dans l'Alliance. Au mieux, l'Otan parle d’une certaine "flexibilité".

Mark Rutte, qui qualifie ce sommet d'"historique", a également peaufiné les détails. Attendu mardi dans la soirée, le locataire de la Maison Blanche participera dans la foulée à un dîner de gala, à l'invitation du roi des Pays-Bas, Willem-Alexander. Une invitation à jouer au golf a également été lancée. Côté diplomatique, mercredi, la séance de travail sera concise : trois heures, pas plus. C'est le temps qu’il faudra aux alliés européens pour faire passer le message au président américain à Donald Trump quant à l'engagement commun de l'Otan.

Ne pas froisser la Maison Blanche

Ce sommet est d’abord voué à reconnaître l’importance de la menace que pose la Russie sur tout le continent européen depuis la guerre en Ukraine. Les Alliés réaffirmeront leur soutien à Kiev, qui a déjà atteint cette année quelque 35 milliards d'euros. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui avait été à l'origine maintenu à l'écart au G7 après son altercation avec le milliardaire américain dans le bureau ovale de la Maison Blanche, devrait finalement rencontrer son homologue américain mercredi, en marge du sommet.

Si le patron de l’OTAN a assuré que l’agenda sera pleinement respecté, reste que l'actualité pourrait venir tout bousculer. Pour ce qui est du sujet du Moyen-Orient, il sera très probablement évoqué par les dirigeants de l’Alliance, même si Mark Rutte, de façon très prudente, a déjà expliqué que cela ne relève pas de la sphère Euro-Atlantique. Et sur cette question aussi, le patron de l’alliance se gardera bien de froisser le président des Etats-Unis. Contrairement à Emmanuel Macron hier, qui a estimé lundi que les frappes américaines en Iran ne reposent sur aucun "cadre de légalité", pour Mark Rutte, il est hors de question de "dire que ce que les Etats-Unis ont fait est contraire au droit international".