Otan : pourquoi les pays baltes restent les fervents soutiens d'une hausse des dépenses militaires

Face à la menace que fait peser la Russie sur les pays de l'Union européenne, l'Otan, par la voix de son secrétaire général, souhaite mettre un sérieux coup d'accélérateur aux dépenses de défense des pays alliés. Désormais, au prix d'importants efforts, chacun d'entre eux consacre au moins 2% de son PIB en matière de défense. Mais pour aller plus loin et marquer les opinions publiques, Mark Rutte n'a cessé d'employer des formules chocs ces dernières semaines.

Dans un discours à Londres le 9 juin, il déclarait qu'"en termes de munitions, la Russie produit en trois mois ce que l'ensemble de l'Otan produit en un an !  (…) La Russie pourrait être prête à utiliser la force militaire contre l'Otan d'ici cinq ans". Le 20 janvier dernier, au Parlement européen, le secrétaire général de l'Otan prenait encore moins de gants : "Vous devrez apprendre le russe dans quatre à cinq ans ou partir… en Nouvelle-Zélande", disait-il.

Un discours auquel sont déjà extrêmement sensibles les pays baltes, qui plaident pour une augmentation des dépenses militaires, en particulier depuis le début de la guerre à grande échelle en Ukraine. Après Kiev, ces anciennes républiques soviétiques craignent d'être les prochaines sur la liste et d'être attaquées par le voisin russe le long de leurs frontières communes, que ce soit à Narva, en Estonie, à Daugavpils, en Lettonie, ou dans un endroit plus sensible encore, dans le couloir de Suwałki, qui permettrait à la Russie de rejoindre, via la Biélorussie, l'exclave de Kaliningrad.

Objectif : 5%

Conscientes du danger, Vilnius, Riga et Tallinn ont décidé d'accroître leurs budgets en matière de défense. Les pays baltes sont déjà parmi les membres de l'Otan qui dépensent le plus en la matière : la Lettonie (3,2%), l'Estonie (3,4%) et la Lituanie (2,9%). À titre de comparaison, la France dépense 2,1% de son PIB pour ses dépenses militaires.

La Lituanie entend désormais consacrer chaque année 5 à 6% de son PIB à ses dépenses militaires entre 2026 et 2030. Et elle va dépenser 1,1 milliard d'euros pour renforcer la protection de sa frontière avec la Russie et la Biélorussie, notamment avec des mines antichars.

Pour les pays baltes, il est aussi important de gagner en autonomie. La Lettonie a ainsi entamé des négociations préliminaires avec le groupe de défense allemand Rheinmetall pour construire, sur son territoire, une usine produisant des munitions. Elle prévoit aussi des investissements pour renforcer sa frontière avec la Russie et la Biélorussie.

Une "nouvelle Otan  plus forte, plus létale "

Dans leur volonté de vouloir muscler leurs dépenses de défense, les pays baltes ne sont plus seuls. Ils ont été rejoints par la Finlande et la Suède, qui ont abandonné leur longue neutralité pour rejoindre l'Otan, respectivement en 2022 et 2023. La Suède aide ainsi les pays baltes à protéger les câbles sous-marins contre des cyberattaques.

La Finlande a, elle, commencé la construction d'un mur sur 200 kilomètres le long de sa frontière avec la Russie, pour un coût de 380 millions d'euros. Elle suspecte Moscou de faire passer sur son territoire des réfugiés qui se livrent à des actes d'espionnage et de sabotage. La Norvège réfléchit aussi à la construction d'un mur sur le même modèle.

À Londres, ce mois de juin, Mark Rutte déclarait qu'aujourd'hui on ne peut plus parler de pays "de l'Est " ou "de l'Ouest" et qu'il n'y a qu'une seule Otan. La menace russe concerne désormais tous les alliés. C'est à l'aune de ce nouveau paradigme que cette "nouvelle Otan", comme le plaide Mark Rutte, "plus forte, plus létale" va devoir penser son avenir. Pour rester, au sens premier du terme, une force de dissuasion à même de protéger une population d'un milliard de personnes.