Plans militaires divulgués sur Signal : « Pépin », « Supercherie »… comment l’administration Trump dément et minimise son erreur
Une simple erreur, et les plans militaires secrets des États-Unis se retrouvent dans la presse. « Le gouvernement Trump m’a envoyé par erreur ses plans de guerre ». C’est le titre, surréaliste, de l’article qui révèle, lundi 24 mars, une faille de sécurité militaire encore jamais vue. Jeffrey Goldberg, le rédacteur en chef de The Atlantic, y raconte comment il s’est retrouvé, par erreur, intégré à une boucle de discussion sur Signal, une plateforme de messagerie chiffrée prisée par l’administration Trump.
Dans cette conversation confidentielle, réunissant les plus hauts responsables du gouvernement états-unien – parmi lesquels les chefs du Pentagone et de la CIA – ces derniers échangent sur des attaques imminentes contre les Houthis, alliés de l’Iran. Des conversations révélées dans un deuxième article, ce mercredi 26 mars, qui font bouillir l’administration Trump. Des captures d’écran de messages du ministre états-unien de la Défense, Pete Hegseth, y sont publiées. Les horaires des attaques prévues contre le groupe rebelle du Yémen, deux heures avant que celles-ci n’aient eu lieu le 15 mars, sont ainsi dévoilés.
L’administration Trump minimise sa faute et dément les faits
Le journaliste affirme avoir consulté « un projet d’attaque détaillé » précisant cibles et déroulé de l’opération. Il cite aussi des propos hostiles envers les Européens, notamment de JD Vance, vice-président états-unien, qui les accuse de « profiter à bon compte » des actions militaires états-uniennes. The Atlantic avait interrogé le gouvernement sur la possibilité de publier des messages plus détaillés. Malgré l’opposition de la Maison Blanche, le magazine a révélé l’essentiel des échanges, masquant simplement l’identité d’un agent de la CIA.
Au lendemain de la parution du premier article, l’administration Trump se contente de minimiser les faits : un simple « pépin » émanant d’un journaliste « tordu », le « seul pépin en deux mois, et au final sans gravité », justifie avec son langage habituel Donald Trump. D’après lui, « tout le monde se fiche » de « ce que publie The Atlantic ».
Il précise, pour revenir sur l’erreur faire par son administration, avoir « les meilleures équipes techniques » qui « essaient de comprendre comment cela a pu se produire ». Au lendemain des premières révélations, Donald Trump a simplement concédé que Mike Waltz, son conseiller à la sécurité nationale, allait « probablement » s’abstenir « dans l’immédiat » d’utiliser à nouveau la messagerie privée Signal, alors que ce dernier confie sur Fox News assumer son « entière responsabilité » après cette « erreur ».
Une attitude « négligente, imprudente et incompétente »
Lorsque le magazine publie les conversations confidentielles dans son deuxième article, la Maison Blanche continue de minimiser et de démentir les faits. « The Atlantic a concédé : ce n’était PAS des plans de guerre », a immédiatement réagi Karoline Leavitt, porte-parole de la Maison Blanche, avant d’ajouter qu’en « révélant la conversation complète, ils reconnaissent qu’ils mentent pour maintenir une NOUVELLE supercherie ». Le vice-président états-unien JD Vance, qui participait au groupe de messagerie Signal à l’origine de cette retentissante faille de sécurité militaire, accuse de son côté The Atlantic d’avoir « survendu » ses révélations, que le Conseil national de sécurité des États-Unis estime « sembler authentiques ».
Quelle que soit l’origine de l’erreur, crier au mensonge et à la « supercherie » après une faille de sécurité militaire d’une telle ampleur ne passe pas chez les démocrates. Le sénateur Mark Warner s’est empressé de pointer du doigt « l’attitude négligente, imprudente et incompétente » des proches du président républicain. En partageant l’article de The Atlantic sur X, Hillary Clinton, outrée, s’interroge : « C’est une blague, n’est-ce pas ».
Ken Martin, président du Comité national démocrate, a pour sa part appelé à la démission du secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth, demandant, s’il venait à refuser, à ce qu’il soit « licencié ». « Notre sécurité nationale ne peut pas être laissée entre les mains incompétentes et non qualifiées de Pete Hegseth », ajoute Ken Martin.
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