Face aux menaces de droits de douane par Donald Trump, le groupe pharmaceutique AstraZeneca investit 50 milliards de dollars aux Etats-Unis

Et si les menaces de Donald Trump accéléraient la relocalisation de l'industrie pharmaceutique aux Etats-Unis ? Face à la pression protectionniste, le Britannique AstraZeneca mise gros sur l'Amérique avec un investissement de 50 milliards de dollars. Une stratégie offensive pour ne pas se laisser distancer sur le marché mondial du médicament.

Cet investissement "renforce notre confiance dans l'innovation américaine et notre engagement envers les millions de patients qui ont besoin de nos médicaments en Amérique et dans le monde", assure le directeur général d'AstraZeneca Pascal Soriot, dans un communiqué publié dans la nuit du lundi 21 au mardi 22 juillet. Le groupe britannique veut ainsi renforcer ses liens avec les Etats-Unis, au moment où Donald Trump promet de taxer lourdement les importations de médicaments. Jusqu'ici épargné, le secteur pourrait faire face à des surtaxes allant jusqu'à 200%.

Une menace prise au sérieux. Le président américain a précisé qu'il attendrait au moins un an pour la mettre en place, afin de laisser aux entreprises le temps de construire des usines sur le sol américain. "Depuis des décennies, les Américains dépendent de l'approvisionnement étranger en produits pharmaceutiques essentiels. Le président Trump et les nouvelles politiques tarifaires de notre pays visent à remédier à cette faiblesse structurelle", a affirmé le secrétaire au Commerce, Howard Lutnick.

Un marché prioritaire

Au printemps, des groupes tels que Roche, Novartis ou Sanofi avaient ainsi annoncé plus de 200 milliards de dollars d'investissements supplémentaires cumulés aux Etats-Unis. Les 50 milliards d'AstraZeneca doivent donc s'ajouter à cette liste. Une usine du groupe va notamment voir le jour en Virginie, qui sera, selon le groupe, son plus gros site de production au monde. 

Au total, l'entreprise estime qu'elle créera des dizaines de milliers de nouveaux emplois directs et indirects dans le pays, son plus grand marché, où elle est implantée sur 19 sites et emploie déjà plus de 18 000 personnes. Tandis qu'au Royaume-Uni, le groupe avait annoncé en janvier l'abandon d'un projet d'usine de vaccins à 450 millions de livres, en blâmant le manque de soutien du gouvernement. Ce qui avait été vécu comme un coup dur Outre-Manche.

AstraZeneca a déjà commencé à transférer une partie de sa production européenne vers les États-Unis, un virage stratégique pour s'adapter aux nouvelles règles du jeu. L'objectif est d'éviter les taxes et s'ancrer durablement sur le marché américain. Le groupe, qui a publié au premier trimestre un bénéfice net en hausse de 34%, à 2,92 milliards de dollars, avait réalisé plus de 40% de son chiffre d'affaires aux Etats-Unis sur cette période.