La guerre commerciale, de Reagan à Trump : l'info de l'histoire du 5 avril
Cette semaine le président des Etats-Unis, Donald Trump, a annoncé une hausse mondiale des tarifs douaniers américains. Cette politique prétend s’appuyer sur celle d’un de ses prédécesseurs que les Américains ont tous en tête en matière de guerre commerciale : Ronald Reagan.
Élu à la présidence des États-Unis en 1980, Reagan se veut (comme Trump) un "super patriote", et il est le premier à avoir utiliser le slogan "Make America Great Again", justement dans cette campagne. Reagan était partisan du libre-échange et accusait les démocrates d’être favorables au protectionnisme.
Mais très vite sa présidence se heurte à la puissance économique du Japon. Le marché automobile est débordé par les importations de Toyota, Honda et autres Mitsubishi. Sans parler des motos Suzuki, Kawasaki, Yamaha... Et l’électronique aussi : télévisions, magnétoscopes Sony, Toshiba. Le président républicain libéral, conseillé par les monétaristes, change alors son fusil d’épaule et commence à menacer le Japon de rétorsions. Le Premier ministre japonais Yasuhiro Nakasone voit le risque et la menace. Il propose des baisses de prix spontanées sur certains produits. Mais cela ne suffit pas. Lors d'une rencontre en 1983, Reagan accuse ouvertement le Japon de protectionnisme déguisé. Nakasone s’en défend et essaye de proposer que des entreprises japonaises viennent s’installer aux Etats-Unis.
Un accord pour réévaluer le yen
Mais cela ne suffit toujours pas. Reagan change alors de stratégie et joue sur la monnaie. Il accuse le Japon de maintenir un yen trop bas, ce qui facilite les importations nippones aux Etats-Unis. Il exige une réévaluation de la devise japonaise. En 1985, Reagan obtient la signature de l’accord du Plaza à New York : c'est la fin du marché libre des monnaies. L’idée de l’accord est de réévaluer le yen, qui juste après monte en flèche. Cela pénalise les exportations japonaises et réduit un peu le déficit commercial américain. À l'inverse, les touristes japonais se mettent à envahir les îles Hawaï, avec le change très favorable. Comme une revanche sur l’histoire et un étrange revival de Pearl Harbour.
En fait, rien n’arrête le déficit commercial. Pire, le Japon a un marché gagnant qui anticipe sur l’actualité : le marché des semi-conducteurs. En 1987, le président Reagan prend donc des mesures très sévères sur le marché des semi-conducteurs. Et il explique ces mesures dans une adresse au peuple, le 25 avril. Il se défend de mener une guerre commerciale, mais ses dénégations n’y changent rien : Reagan mène bien une guerre commerciale ciblée contre le Japon. Son objectif est de protéger les emplois américains.
Mais à la différence de Trump, il n’élargit pas ses mesures. Il est même très libéral avec le Canada (contrairement à Trump) et cherche à établir un accord complet de libre-échange entre les deux pays. Ce sera l’Alena, l’accord de libre-échange nord-américain, finalement signé en 1992, après la fin de sa présidence.
Pour Trump, Reagan n'est pas allé assez loin
Aujourd’hui, Trump trouve tout cela insuffisant, dépassé. À ses yeux, aucune politique protectionniste ciblée ne suffira jamais. Il va plus loin et présente une conception protectionniste qui renvoie bien plus loin dans l’histoire américaine, quand la jeune démocratie tentait de se construire face à la Grande-Bretagne.
Mais là encore, si le président Trump s’appuie sur ces exemples lointains, il les pousse à l’extrême, jusqu’au bout, jusqu’à l’absurde.