Le débat autour de l’autoroute A 69 s’est joué sur deux fronts, ce mercredi 25 juin. Côté face, le parlement. En commission mixte paritaire (CMP), députés et sénateurs acquis au projet ont validé une proposition de loi visant à sécuriser le chantier malgré les recours en justice. « L’A69 franchit une étape clé », s’est félicité le sénateur du Tarn Philippe Folliot, lors d’une conférence de presse aux côtés des parlementaires centristes et macronistes de son département, Jean Terlier, Philippe Bonnecarrère et Marie-Lise Housseau, tous saluant « une avancée majeure ».
Le texte de compromis, qui tient en quelques lignes et est identique à celui adopté au Sénat, vise à conférer au chantier de l’autoroute une « raison impérative d’intérêt public majeur », ouvrant la voie à des dérogations à la protection des espèces, au nom du désenclavement du territoire. « Macronie, droite et Rassemblement national bafouent encore une fois l’État de droit et la séparation des pouvoirs (…) Une honte absolue sur le plan démocratique », a réagi sur X la députée Insoumise Anne Stambach-Terrenoir, dont le groupe avait fait adopter une motion de rejet du texte lors de son examen à l’Assemblée.
Un « mépris total de la séparation des pouvoirs »
Côté pile, les menaces qui planent sur les opposants au projet. Fustigeant l’accord en CMP qui « contourne une décision de justice et un appel en cours, au mépris total de la séparation des pouvoirs », la Confédération paysanne a rappelé que « dans le même temps, des membres et alliés de la lutte contre l’A69, dont des paysans du territoire, ont constaté à leur réveil des graffitis infamants devant leurs fermes et leurs maisons, peinturlurées de rouge » et la présence de « panneaux imprimés avec leurs noms et prénoms, assortis de la mention ”hébergeurs de voyous” ». Deux enquêtes ont été ouvertes pour « divulgation d’information personnelle » et « dégradations » après la découverte mercredi matin de ces pancartes, a indiqué à l’Agence France-Presse (AFP) la procureure de Castres, confirmant une information du quotidien régional la Dépêche du Midi.
Signées « Les pros », elles ont été découvertes sur plusieurs ronds-points du Tarn et listent une dizaine de noms d’opposants, dont certains ont indiqué avoir constaté des dégradations – graffitis et jets de peinture rouge – à leur domicile ou lieu de travail. « À la faveur de la nuit, le groupe de pression violent des pro-autoroute s’est introduit tout près de nos foyers pour répandre la haine, intimider et impressionner celles et ceux qui sont la lutte contre l’A69 depuis plusieurs années », a dénoncé également le collectif d’opposants La Voie est libre, dans un communiqué.
Les employés de l’entreprise textile l’Atelier Missegle, dont la dirigeante Myriam Joly fait partie des personnes mentionnées sur les pancartes, ont, selon un communiqué de la compagnie, eux aussi découvert au matin « avec stupeur et consternation » leurs locaux « tagués ». « Deux plaintes ont été recueillies à ce stade », a indiqué la procureure de Castres, selon laquelle « les investigations se poursuivent ». Pas de quoi décourager les opposants. Une grande « fête d’enterrement » de l’A69, organisée notamment par les Soulèvements de la Terre, doit avoir lieu les 4, 5 et 6 juillet dans le Tarn.
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