Euro 2025 : les Françaises au défi de se relever d'une nouvelle désillusion en quarts de finale
Combien de temps faudra-t-il pour effacer le traumatisme de cette nouvelle élimination en quarts de finale ? Avant le début de l'Euro, le sélectionneur Laurent Bonadei avait glissé que "certaines joueuses avaient pris plus de temps que d'autres" à digérer la déception de la désillusion des Jeux olympiques l'été dernier (0-1 contre le Brésil, en quarts de finale). Avec la défaite bâloise de samedi 19 juillet, en quarts contre l'Allemagne, les Bleues allongent encore un peu plus la liste des revers à ce stade lors d'une compétition majeure (Euro, Mondial, JO) : la huitième sur les neuf derniers tournois. Encore une fois, le groupe tricolore devra donc se relever et repartir au travail pour enfin décrocher le premier trophée de leur histoire.
En Australie déjà, au Mondial 2023, la France avait connu pareille frustration, sortie en quarts de finale aux tirs au but par les hôtes (0-0, 7-6 t.a.b.). La séance avait alors été préparée "spécifiquement" par le sélectionneur d'alors, Hervé Renard, et son adjoint... Laurent Bonadei. En vain. L'absence de résultat a-t-elle poussé le nouveau patron de l'équipe de France à prendre le contre-pied ? "Là, j'ai préféré ne pas trop leur prendre la tête avec ça. C'est très difficile de recréer le contexte d'une séance de tirs au but", expliquait-il lors de la conférence de presse d'avant-match. "Elles s'entraînent aux pénalties de manière individuelle, chacune à leur rythme, à la fin de presque toutes les séances."
Face aux tireuses tricolores, la gardienne allemande Ann-Katrin Berger avait, elle, scotché des indications tactiques sur sa gourde. Héroïque toute la rencontre, elle a arrêté les tentatives des Lyonnaises Amel Majri et Alice Sombath. "Amel les travaille tous les jours, moi aussi. Certaines ne le font pas mais ont marqué aussi. Je ne pense pas que ce soit ça, c'est comme ça. Je pense juste qu'il fallait gagner sur le jeu et ne pas aller aux pénalties", a réagi Sakina Karchaoui, à l'issue de la rencontre.
Une attaque tricolore éteinte en quarts
Car cette fois, l'équipe de France n'a pas trouvé la clé du but adverse, malgré une supériorité numérique dès le premier quart d'heure de jeu. La puissance de feu des attaquantes tricolores (11 buts en trois matchs, par neuf buteuses, en phase de poules) ne s'est pas concrétisée, muselée par le bloc bas compact des Allemandes. Pourtant, tous les chiffres montrent la domination française : 17 tirs, dont neuf cadrés, 63% de possession de balle, 86% de passes réussies.
"On manque un tout petit peu de justesse sur les dernières passes et derniers gestes. ll aurait fallu créer beaucoup plus de situations combinées aux abords de la surface, sur du jeu à une touche pour retrouver des décalages."
Laurent Bonadei, sélectionneur des Bleuesen conférence de presse
"Nous avons eu du mal à aller les chercher, du mal à s'entendre à des moments. Elles ont mis énormément d'intensité et d'agressivité. C'est là que nous avons aussi péché. Sur les deuxièmes ballons, on n'était pas forcément bien au duel… Sur ce domaine-là, elles ont été beaucoup plus tranchantes que nous", a analysé, au micro de TF1, Griedge Mbock. Ce manque d'agressivité avait déjà fait défaut lors de la première période face aux Pays-Bas, et pourrait constituer un axe de travail pour les Bleues.
"Il ne faut pas tout jeter à la poubelle"
En se passant de Wendie Renard, Eugénie Le Sommer et Kenza Dali, Laurent Bonadei avait cité Einstein : "La folie, c'est de toujours faire la même chose et de s'attendre à des résultats différents." Le pari n'aura pas été gagnant, mais pour autant, "il ne faut pas tout jeter à la poubelle", comme l'a rappelé Sakina Karchaoui à l'issue de l'élimination, assurant que l'équipe de France allait "se relever". "Il n'y a pas de malédiction, on a passé ça dans la tête. Un jour, ça passera. Avec tout ce qu'on a construit dans le groupe, on y croit." Une projection vers la suite que toutes les Bleues n'étaient pas capables de faire à chaud, à l'instar de Grace Geyoro au micro de TF1 : "On se demande quand est-ce que cela va enfin nous sourire, c'est dur."
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La défaite face à l'Allemagne a mis fin à une série de 11 victoires durant laquelle les Tricolores ont forgé une cohésion souvent louée en conférence de presse, et qui leur a souvent fait défaut par le passé. Charge à Laurent Bonadei de faire perdurer la bonne entente, les sourires et la détente affichés pendant tout l'Euro. Fidèle à son attachement à la formation, le sélectionneur s'est félicité d'avoir pu offrir du temps de jeu, et donc de l'expérience, à ses plus jeunes joueuses (Alice Sombath, Thiniba Samoura, Melween Ndongala, Lou Bogaert) en défense pour pallier les blessures de Griedge Mbock et Maëlle Lakrar en début de tournoi. "On a fait de très bons matchs avec les jeunes et c'est ça aussi qu'il faut retenir pour l'avenir."
Après une coupure, la prochaine étape arrivera d'ailleurs très vite pour les Bleues. Elles ont rendez-vous avec... l'Allemagne, en demi-finales (aller et retour) de Ligue des nations les 24 et 28 octobre. Une affiche copie conforme de celle de l'année précédente, où la France s'était imposée (2-1).
"Il faut qu'on continue à travailler, à progresser, à jouer ensemble et surtout à rester soudées pour aller viser d'autres objectifs qui vont arriver bientôt avec la Ligue des nations", a appelé la capitaine Griedge Mbock au micro de TF1. À plus long terme, le prochain rendez-vous majeur se jouera au Brésil, pour le Mondial 2027. À Clairefontaine, fin juin, Sakina Karchaoui glissait à franceinfo: sport qu'à l'Euro "ça peut ne pas passer, et ça passera peut-être pour la Coupe du monde". Les Bleues ont deux ans pour inverser la tendance.