La victimisation secondaire retenue à l'encontre de Gérard Depardieu : "Le sexisme n’a plus sa place dans les prétoires", salue l'avocate Anne Bouillon
"C'est extrêmement satisfaisant", réagit mardi 13 mai sur franceinfo Anne Bouillon, avocate au barreau de Nantes et spécialiste en droit des femmes, alors que Gérard Depardieu a été reconnu coupable d'agressions sexuelles et condamné à 18 mois de prison avec sursis, assortis d'une indemnisation pour victimisation secondaire.
Le président du tribunal a regretté lors de la lecture du jugement "la dureté excessive des débats" à l'encontre des parties civiles de la part de la défense de Gérard Depardieu. "Des propos qui par leur nature sont constitutifs d'une victimisation secondaire", a-t-il ajouté.
L'avocat de Gérard Depardieu a immédiatement annoncé faire appel de cette condamnation. Mais selon l'avocate Anne Bouillon, cette décision de justice envoie un message "fort à toutes celles et ceux qui seraient tentés de cultiver une violence systémique dans les prétoires. Ça vient dire que le sexisme, la misogynie et cette violence gratuite n'ont plus leur place dans les prétoires."
"On fait progresser le droit"
La defense très agressive de l'avocat de Gérad Depardieu Me Jérémie Assous, avait été fortement critiquée par les avocates des plaignantes et des associations féministes. Figure engagée, Anne Bouillon avait signé le 28 mars dernier une tribune dans Le Monde appelant la justice à ne pas laisser passer le sexisme subi par les plaignantes et les avocates pendant le procès.
Cette décision marque une étape importante dans la reconnaissance des violences sexistes au sein de l'institution judiciaire, note Anne Bouillon, qui salue également le travail de ses consœurs qui "ont ferraillé dur pendant quatre jours, et c'était extrêmement éprouvant". "On fait progresser le droit en le saisissant de demandes que l'on ne pensait pas possible. Venir dire à la justice, vous devez réparer aussi la violence que l'institution perpétue, c'est audacieux, mais ça produit ses effets"; poursuit-elle.
Enfin, Anne Bouillon réaffirme sa détermination à poursuivre ce combat et à se servir de ce jugement : "Comptez sur moi pour m'en saisir et la prochaine fois que ça m'arrivera, et ça va m'arriver encore, évidemment, [...] je n'hésiterai pas à demander l'application de cette jurisprudence."