Gérard Depardieu condamné à 18 mois de prison avec sursis pour agressions sexuelles sur deux femmes lors du tournage des "Volets verts"
Il n'était pas assis sur son fameux cube pour entendre le jugement. Gérard Depardieu a été condamné en son absence par le tribunal correctionnel de Paris, mardi 13 mai, à dix-huit mois de prison avec sursis pour agressions sexuelles sur deux femmes lors du tournage des Volets verts. Cette décision, assortie d'une peine d'inéligibilité de deux ans et d'une inscription au Fichier des auteurs d'infractions sexuelles (Fijais), est conforme aux réquisitions du parquet fin mars.
Gérard Depardieu, actuellement en tournage au Portugal sous la direction de son amie Fanny Ardant, était représenté par son avocat, qui a immédiatement annoncé son intention de faire appel. "Maintenant accusation vaut condamnation", a fustigé Jérémie Assous, la voix blanche, à la sortie de l'audience.
Lors de la lecture des motivations du tribunal, le président, Thierry Donard, a rappelé les faits reprochés au comédien. Et démonté, point par point, les arguments de la défense. S'agissant d'Amélie, décoratrice de 54 ans, l'acteur est accusé de l'avoir agressée dans un appartement du tournage, en la coinçant entre ses jambes avant de lui "pétrir" et "malaxer" les hanches, les fesses et la poitrine avec des "yeux rouges, très excités" et des propos salaces : "Viens toucher mon gros parasol, je vais te le mettre dans la chatte !"
Une version ni "convaincante" ni "plausible"
Le magistrat a opposé les "déclarations constantes et circonstanciées", "corroborées par des témoins", de la plaignante à celles de Gérard Depardieu, qui "ont évolué significativement entre sa garde à vue et l'audience". Le tribunal n'a pas jugé "convaincante" ni "plausible" la version de l'acteur à la barre. Gérard Depardieu avait prétendu avoir attrapé la hanche d'Amélie pour ne pas glisser et lui avoir passé un savon. Selon le tribunal, ses excuses formulées par la suite ne faisaient pas suite à "une remontrance professionnelle" mais bien à des faits d'agression sexuelle dénoncés à la production. Pointant aussi "l'objectivation du trauma subi" par la victime, le tribunal l'a donc déclaré coupable.
Sarah*, troisième assistante réalisatrice âgée de 34 ans, absente lors du jugement, a pour sa part raconté avoir été agressée alors qu'elle accompagnait l'acteur de la loge au plateau. "Il faisait nuit et au bout de la rue, il a mis la main sur ma fesse, il l'a posée tranquillement", avait-elle mimé à la barre, à quelques mètres de Gérard Depardieu. La jeune femme a également décrit deux autres agressions similaires. Malgré "l'imprécision" sur leur "temporalité" et leur "localisation", "la plaignante s'est montrée constante dans la description de la matérialité des faits, corroborés par les déclarations de témoins" et par un message qu'elle avait envoyé sur le groupe Whatsapp familial, a estimé le tribunal.
Selon la justice, le certificat médical produit par la défense "ne suffit pas à démontrer qu'à l'époque", Gérard Depardieu était "dans l'incapacité de se déplacer seul sur plus de 100 mètres" et "il apparaît cohérent que la plaignante ait pu se retrouver à plusieurs reprises seule avec le prévenu". Sarah avait, elle aussi, reçu des excuses de la part du comédien. Mais il a ensuite "refusé tout contact avec elle", la traitant de "balance", a rappelé le président. "Déclarations réitérées et constantes de la plaignante", "incohérences dans les déclarations du prévenu", "objectivation du trauma"... Le tribunal l'a également déclaré coupable d'agressions sexuelles sur Sarah.
Des "propos outranciers et humiliants"
Pour justifier les dix-huit mois de prison avec sursis prononcés, Thierry Donard a mentionné l'âge avancé de Gérard Depardieu, son "état de santé dégradé" mais aussi "son positionnement sur les faits qu'il conteste", ne semblant "pas avoir appréhendé la notion de consentement ni du traumatisme" des parties civiles.
Fait rare, l'acteur a également été condamné à verser à chacune des plaignantes 1 000 euros au titre de la victimisation secondaire, comme l'avaient demandé leurs avocates, Carine Durrieu-Diebolt et Claude Vincent. Alors qu'il était resté impassible lors des attaques de la défense à l'égard des plaignantes et de leur avocates, qui avaient dénoncé une "apologie du sexisme", le magistrat a terminé sa lecture par une mise au point implacable sur l'attitude de l'avocat Jérémie Assous pendant les quatre jours de procès.
"Les droits de la défense ne sauraient légitimer des propos outranciers et humiliants portant atteinte à la dignité des personnes", a lancé le président, justifiant la condamnation de l'acteur à une indemnisation au titre de la victimisation secondaire par le fait que les "parties civiles ont été exposées à une défense des plus offensives". "C'est une belle décision pour ces deux femmes et pour toutes les femmes", a salué Carine Durrieu-Diebolt après le délibéré. Alors que cette condamnation intervient le jour de l'ouverture du Festival de Cannes, l'avocate a dit espérer "que le milieu du cinéma ait des pensées et des mots pour les victimes de Gérard Depardieu".
* Prénom d'emprunt