Miroirs rococo et babioles dorées : comment Donald Trump a transformé le Bureau ovale où il met en scène son pouvoir
Aux Etats-Unis, l'heure d'un premier bilan est venue après 100 jours d'une présidence Trump aussi chaotique qu'inédite, rythmée par les petites phrases et les grandes décisions. Depuis son retour au pouvoir, le milliardaire met à l'épreuve les institutions et la démocratie, à grand renfort de décrets. Le plus souvent, c'est dans le Bureau ovale que ça se passe, symbole de pouvoir par excellence et remodelé à l'image de son actuel locataire et de sa politique.
Il suffit de rappeler les premiers mots de Donald Trump tout juste investi, il y a 100 jours : "Golden Age". Le milliardaire promettait un "nouvel âge d'or" pour l'Amérique. Sauf que pour l'instant, c'est dans le Bureau ovale que s'exprime sa passion pour tout ce qui brille. Il y en a du sol au plafond : des aigles dorés sur des tables basses, des miroirs rococo accrochés aux portes, les cadres des tableaux suspendus aux murs sont dorés.
Donald Trump règne en maître
Enfin des babioles brillantes ont remplacé, sur la cheminée, le vénérable lierre qui avait vu passer Nelson Mandela, Jean-Paul II ou Margaret Thatcher. De quoi évoquer le clinquant de la résidence Trump de Mar-a-Lago mais aussi la tentation monarchique de celui qui dit considérer un troisième mandat, interdit par la Constitution.
Le décor est planté, il manque les acteurs et le drame. Comment ne pas penser à ce qui restera comme l'un des moments les plus sidérants de ce début de présidence associé au Bureau ovale ? Le passage de Volodymyr Zelensky, violemment pris à partie par Donald Trump et son vice-président JD Vance : "Monsieur le président, avec mon respect, c'est irrespectueux de venir ici et d'essayer de débattre de cela devant les médias. Vous devriez remercier le président qui essaye de mettre fin à cette guerre."
Si Donald Trump règne ici en maître, il n'est pas seul pour autant. On y croise tout un petit monde de familiers et de ministres. JD Vance, donc, mais aussi la discrète cheffe de cabinet Suzie Wiles, la "femme la plus puissante de Washington", Stephen Miller, l'architecte des mesures les plus polémiques de Donald Trump, Marco Rubio, le secrétaire d'Etat et Elon Musk bien sûr.
Les journalistes en retrait
Les journalistes, complaisants ou non, eux, sont en retrait, souvent derrière les canapés. Ce Bureau ovale est une scène, avec ses acteurs et ses spectateurs. "Grand moment de télé. Ça va faire de la super télé", s'était d'ailleurs écrié Donald Trump après avoir humilié Volodymyr Zelensky.
Mais tout le monde n'est pas aussi mal reçu. Les journalistes présents se souviendront notamment d'Elon Musk répondant à leurs questions avec son fils grimaçant aux côtés du président, assis à son bureau : "X, est-ce que ça va ? C'est X, et c'est un super gars avec un QI élevé." Nayib Bukele, le président du Salvador, à qui Donald Trump achète des places en prison, a lui aussi été très bien reçu.
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Mais il y a surtout la carte du Golfe du Mexique, re-baptisé "Golfe d'Amérique", qui a trouvé sa place dans le Bureau ovale. "Le Golfe d'Amérique, je suis en train de l'admirer en le regardant. J'en ai les larmes aux yeux mais je ne veux pas que vous disiez que Trump a craqué et s'est mis à pleurer… Regardez comme c'est beau, regardez les lignes du rivage."
Bien plus qu'un Joe Biden, c'est ici que le showman Donald Trump met en scène son pouvoir. Il y signe des décrets par dizaines, adoube ses fidèles et humilie ses adversaires. Juste à l'extérieur, il y a aussi accroché son "mugshot", cette photo prise lors de l'une de ses inculpations. Évidemment dans un cadre doré.