Après le Conscience, le Madleen et le Handala, ce n'est pas un mais plusieurs bateaux humanitaires qui font route vers la bande de Gaza. La Global Sumud Flotilla, composée d'une vingtaine de bateaux, a quitté Barcelone lundi 1er septembre pour arriver à Tunis dimanche, où elle doit être rejointe par "des dizaines" de bateaux supplémentaires qui ensuite partiront de Tunisie et d'autres ports méditerranéens. Comme pour ses prédécesseurs, l'objectif est de briser le blocus israélien sur la bande de Gaza, assiégée par l'armée israélienne et confrontée à la famine. A quoi va ressembler cette nouvelle opération, à laquelle participent plusieurs personnalités, dont la militante suédoise Greta Thunberg et l'actrice française Adèle Haenel ? Franceinfo fait le point.
Une mission de "personnes ordinaires"
Les navires de la flottille ont prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre afin d'y acheminer de l'aide humanitaire, après deux tentatives bloquées par Israël. Le voilier Madleen, de l'organisation Coalition de la flottille de la liberté, avait été arraisonné début juin par l'armée israélienne à environ 185 km à l'ouest des côtes gazaouies avec 12 militants français, allemands, brésiliens, turcs, suédois, espagnols et néerlandais à bord. Le navire humanitaire Handala avait, lui, été intercepté fin juillet par l'armée israélienne.
La Global Sumud Flotilla "sera la plus grande mission de solidarité de l'histoire" avec "plus de gens et plus de bateaux que tous les essais faits jusqu'à présent pour tenter d'atteindre Gaza", a assuré l'activiste brésilien Thiago Avila. Sur son site, la Coalition de la flottille de la liberté se présente comme une organisation "indépendante" et "non affiliée à aucun gouvernement ni parti politique" composée de "délégations de 44 pays".
A l'origine de l'initiative se trouvent les principaux mouvements humanitaires civils à destination de Gaza, tels que le Mouvement mondial vers Gaza, le Maghreb Sumud Flotilla et le Sumud Nusantara. "Nous sommes une coalition de personnes ordinaires – organisateurs, humanitaires, médecins, artistes, membres du clergé, avocats et marins – qui croient en la dignité humaine et au pouvoir de l'action non violente", peut-on encore lire sur le site.
Adèle Haenel et des élus insoumis à bord
Parmi les centaines de personnes à bord figure désormais l'actrice française Adèle Haenel. "Notre but est d'apporter de la nourriture et des médicaments à la population de Gaza qui est en proie (...) à une famine délibérément orchestrée par le gouvernement israélien", a souligné la comédienne auprès de l'AFP. L'actrice a participé à deux jours de formation à Tunis pour se préparer à l'opération.
Fierté de quitter le port de Tunis aux côtés d’Adèle Haenel 🙏
— Marie Mesmeur (@MarieMesmeur) September 5, 2025
Elle se lève et part sur la Flottille pour exiger la fin du blocus inhumanitaire et du génocide en cours.
Que son courage inspire. Que le monde de la culture française la soutienne et la protège 🕊️#StopGenocide… pic.twitter.com/m1HYDVVjB3
Autre personnalité à avoir rejoint la mission : un petit-fils de Nelson Mandela. "En tant qu'Africains, nous savons très bien ce que cela signifie de vivre sous occupation, sous oppression", a déclaré Mandla Mandela à la presse. La militante écologiste suédoise Greta Thunberg, qui avait déjà embarqué à bord du Madleen, fait elle partie des organisateurs. Pour la jeune femme de 22 ans, cette opération est "différente" des précédentes car "nous avons maintenant beaucoup plus de bateaux, nous sommes beaucoup plus nombreux, et cette mobilisation est historique".
Plusieurs élus de La France insoumise, comme les députés Marie Mesmeur et François Piquemal, sont aussi du voyage, accompagnés par des médecins et des militants. "Je dois faire quelque chose, quitte à risquer ma vie", témoigne ainsi Mustafa Cakici, un père de famille engagée pour la cause palestinienne depuis des années à Besançon (Doubs), auprès de France 3 Bourgogne-Franche-Comté.
Le départ retardé en raison d'intempéries
Initialement prévu pour jeudi dernier, le départ de la flottille de bateaux a été reporté en raison des conditions météorologiques et du retard pris par les navires partis de Barcelone. Des vents violents en Méditerranée les ont en effet contraints à retourner à leur port de départ sur la côte espagnole. "Nous sommes revenus au port pour laisser passer la tempête. Cela a entraîné un retard de notre départ afin d'éviter les complications avec les bateaux plus petits", avait expliqué la Global Sumud Flotilla.
Global Sumud Flotilla Group A Expected To Reach Tunisia Sept 7
— Global Sumud Flotilla (@GlobalSumudFlot) September 6, 2025
— @bernamadotcom pic.twitter.com/tw7KM6Ugm8
Les bateaux ont de nouveau pris la mer lundi vers 17h30 à Barcelone et voguent vers la Tunisie, où une centaine de personnes doivent les rejoindre en mer dimanche.
L'objectif d'ouvrir un "corridor" humanitaire
Les Nations unies ont déclaré en août l'état de famine à Gaza, avertissant que 500 000 personnes se trouvaient dans une situation "catastrophique". Les participants à la flottille ont ainsi pour objectif non seulement d'"atteindre Gaza" et de "livrer de l'aide humanitaire" mais aussi d'"annoncer l'ouverture d'un corridor humanitaire puis apporter davantage d'aide, et ainsi briser totalement le blocus illégal et inhumain d'Israël", a déclaré Greta Thunberg à l'AFP.
La Global Sumud Flotilla a également pour intention "de mettre fin au génocide en cours du peuple palestinien", selon les organisateurs. La guerre déclenchée par l'attaque sans précédent menée par le Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1 219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles. Les représailles militaires israéliennes ont depuis fait au moins 63 459 morts dans la bande de Gaza, en majorité des civils, selon des chiffres du ministère de la Santé gazaoui jugés fiables par l'ONU.