Recul de la vaccination : les cas de rougeole ont doublé en un an en Europe

L’Europe est confrontée à une flambée du nombre de cas de rougeole. En 2024 : 127 350 ont été déclarés, soit deux fois plus que l’année précédente, à travers la région Europe de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui s’étend jusqu’en Asie centrale. Un seuil inédit depuis 1997. « La région européenne représentait un tiers de tous les cas de rougeole dans le monde en 2024 », alerte l’OMS et l’Unicef dans une note d’analyse parue ce vendredi 14 mars.

40 % des cas concernent des enfants de moins de 5 ans

Avec respectivement 30 692 et 28 147 cas, la Roumanie et le Kazakhstan ont été les deux pays européens les plus touchés. Dans le détail, les enfants de moins de 5 ans représentaient plus de 40 % des cas déclarés. Plus de la moitié des cas signalés ont nécessité une hospitalisation. Et au total, 38 décès ont été enregistrés, d’après des données préliminaires reçues début mars 2025. Maladie très contagieuse, la rougeole provoque de la fièvre, des symptômes respiratoires et une éruption cutanée. Elle peut aussi entraîner des complications graves, notamment une pneumonie, une inflammation du cerveau et la mort.

Depuis 1997, la prévalence de la maladie était pourtant en baisse, le niveau le plus bas ayant été atteint en 2016, avec 4 400 cas. Mais depuis la pandémie de Covid-19, les cas ont réaugmenté de manière significative, en raison notamment du recul de la couverture vaccinale en 2023 et 2024.

Recul de la couverture vaccinale

La vaccination reste pourtant à ce jour la meilleure ligne de défense face au virus. L’OMS et l’Unicef estiment qu’en 2023, 500 000 enfants de la région n’ont pas reçu la première dose du vaccin contre la rougeole. « Les cas de rougeole en Europe et en Asie centrale sont montés en flèche au cours des deux dernières années, mettant en évidence les lacunes dans la couverture vaccinale », estime Regina De Dominicis, directrice régionale de l’UNICEF pour l’Europe et l’Asie centrale.

« Sans des taux de vaccination élevés, il n’y a pas de sécurité sanitaire », a indiqué dans un communiqué le directeur régional de l’OMS, Hans Kluge, appelant les autorités à intensifier les efforts d’immunisation face aux communautés sous-vaccinées.

Crainte d’une diffusion de la maladie en France dans les semaines à venir

C’est d’ailleurs le sens du message envoyé par les autorités sanitaires françaises aux professionnels de la santé et de la petite enfance le 7 mars dernier. Alors que la « saison » de la rougeole – fin de l’hiver, début du printemps – débute, l’hexagone enregistre depuis le début de l’année une centaine de cas déclarés, essentiellement dans les Hauts-de-France et en Auvergne-Rhône-Alpes. « La situation épidémiologique fait craindre une diffusion plus large sur le territoire national au cours des semaines à venir », a prévenu la Direction générale de la santé (DGS).

Or, en France comme partout en Europe, la vaccination est également en baisse. Depuis 2018, le vaccin ROR (rougeole-oreilleon-rubéole) – qui confère une immunité à vie de 93 % après une dose et de 97 % après deux doses – est obligatoire pour les enfants de 12 mois et plus. Ce qui a fait grimper la couverture vaccinale à 94,3 % chez les enfants de 2 ans en 2023. Il n’empêche que la couverture vaccinale reste en deçà des 95 % que les autorités sanitaires estiment nécessaires pour atteindre une bonne immunité collective. À peine 90 % des 18-35 ans seraient vaccinés. « Une couverture vaccinale élevée de la population de tout âge, y compris des professionnels de santé ou ceux exerçant au contact d’enfants, est indispensable pour limiter la circulation virale et protéger les plus fragiles », rappelle la DGS.