"Ils occupent tout l'espace", se désole jeudi 2 octobre sur France Inter le président de la Fédération française du prêt-à-porter féminin Yann Rivoallan, au lendemain de l'annonce de Shein de l'ouverture de magasins pérennes à Paris et dans d'autres villes françaises. "Ils occupent tout l'espace, à la fois l'espace médiatique et sur internet et désormais ils veulent aussi occuper l'espace physique à travers les plus beaux endroits", fustige-t-il.
La plateforme, spécialiste de la vente en ligne, va ouvrir six magasins physiques et pérennes en France à partir de novembre, d'abord au sein du BHV Marais à Paris, puis cinq autres "progressivement" dans des Galeries Lafayette à Dijon, Reims, Grenoble, Angers et Limoges. Shein défend son "engagement pour revitaliser les centres-villes partout en France, restaurer les grands magasins et développer des opportunités pour le prêt-à-porter français".
"Shein c'est 15 000 emplois détruits"
"Osez dire maintenant qu'ils vont revitaliser, c'est ce qu'on peut faire de pire en terme de perversion et de communication", rétorque le président de la Fédération française du prêt-à-porter féminin qui se dit "profondément choqué" par cette stratégie. "C'est simple : depuis maintenant plus de trois ans, Shein c'est 15 000 emplois détruits et des dizaines, voire des centaines, de magasins qui ont été fermés partout en France", souligne-t-il.
"Je pense qu'ils essayent de s'acheter une bonne réputation", abonde le député LR à l'origine d'une proposition de loi pour combattre la "fast-fashion", Antoine Vermorel-Marques au micro de France Inter. "Avec des moyens, de l'argent, vous pouvez vous acheter de beaux lieux, symboliques, comme le BHV ou les Galeries Lafayette mais le problème de Shein reste le même : quel est le mode de production, quel est leur mode de commercialisation ?", s'interroge le député LR.
"Sur leur mode de production, on a montré dans tous nos travaux parlementaires qu'ils ne respectent pas nos normes sociales, sanitaires et environnementales", rappelle Antoine Vermorel-Marques qui souhaite mettre en place un système de bonus-malus sur les achats de vêtements. "Sur le mode de commercialisation, leur enjeu n'est pas de commercialiser au BHV ou aux Galeries Lafayette, ça c'est de la communication, leur enjeu c'est de pouvoir continuer à nous inonder avec leur plateforme en ligne pour mettre à mal nos commerces de centre-ville", ajoute-t-il.
Après l'annonce de la plateforme asiatique, le groupe Galeries Lafayette a exprimé mercredi soir son "profond désaccord" avec la décision de la Société des Grands Magasins (SGM) qui exploitent les Galeries, annonçant "refuser l'installation" de la marque asiatique dans les cinq magasins affiliés concernés.