François Bayrou a présenté, mardi 15 juillet, sa feuille de route pour économiser près de 44 milliards d'euros en 2026 et ramener le déficit budgétaire à 2,8% du produit intérieur brut (PIB) en 2029. Le Premier ministre, qui a affirmé que "tout le monde devra participer à l'effort face à l'ampleur de l'enjeu", a notamment annoncé le gel des dépenses via une année blanche et la possible suppression de deux jours fériés. Il a aussi ouvert la porte à une nouvelle réforme de l'assurance-chômage.
Ces mesures doivent encore être soumises à l'examen du Parlement à l'automne dans le cadre du projet de loi de finances et du projet de finances pour la Sécurité sociale pour 2026. Il y aura donc certainement des évolutions, car François Bayrou devra négocier sur plusieurs points pour éviter une censure de son gouvernement à la rentrée.
@onvareussir : Combien de personnes vont entrer dans l'imposition ? Et combien vont payer ces nouveaux imposables ?
Difficile de répondre avec précision à cette question pour le moment, mais une étude de l'OFCE, publiée en 2024 lorsque l'ancien Premier ministre Michel Barnier étudiait un gel du barème de l'impôt sur le revenu, avait estimé que 380 000 Français pourraient devenir imposables, avec une inflation supérieure à 2%, alors que François Bayrou table plutôt sur 1% dans ses orientations budgétaires. Concernant les montants, on parle en principe de quelques dizaines d'euros.
@Tresvieux : Pourriez-vous chiffrer le coût des annonces du Premier Ministre pour un ménage ?
Concernant la hausse de l'impôt sur le revenu, il est trop tôt pour répondre, mais si l'OFCE avait estimé qu'un gel du barème avec une inflation supérieure à 2% entraînerait une perte de 50 à 100 euros par an pour les ménages proches du niveau de vie médian (24 179 euros, selon l'Insee).
Un gel des pensions de retraite aurait aussi des effets : un retraité qui perçoit 1 000 euros par mois perdrait 120 euros sur l'année sur la base d'une absence d'indexation sur une inflation à 1%. Un retraité à 2 000 euros par mois perdrait le double, soit 240 euros sur l'année.
@Roland81 : Pourquoi parlez-vous de la suppression des 10% de frais professionnel pour les retraités, alors que ce système a été mis en place pour compenser la baisse des revenus lors du départ à la retraite ?
Vous soulignez une erreur autour de la raison de l'abattement de 10% sur les revenus dont bénéficient les retraités, et vous avez raison. François Bayrou a affirmé mardi que cette mesure était un abattement fiscal pour frais professionnels, ce qui est faux. Cette mesure, introduite en 1978 sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing, visait à mettre les retraités à égalité avec les actifs, qui eux bénéficient d'une déduction fiscale automatique de 10% de leurs revenus au moment de leur déclaration pour frais professionnels. Cet abattement de 10% devrait être remplacé en 2026 par un forfait de 2 000 euros par an, selon le ministre de l'Economie Eric Lombard.
@Rageux : Bonjour, existe-t-il une liste des économies correspondant à chacune des mesures annoncées ? Je ne comprends pas comment on tombe miraculeusement sur le chiffre demandé.
Les 43,8 milliards d'économies annoncés par François Bayrou ont été détaillés dans un document des services du Premier ministre. On y voit notamment les 7,1 milliards de l'année blanche ou les 4,2 milliards de gains pour l'Etat avec la suppression de deux jours fériés.
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@Romain1 : Des mesures d'économies sur le fonctionnement de l'Etat ont-elles été annoncées ?
Oui, elles sont évaluées autour de 10 milliards d'euros, soit près d'un quart des économies globales anticipées par le gouvernement. Et cela passera par des coupes dans la fonction publique, avec la suppression ou la fusion d'opérateurs de l'Etat, le non-remplacement d'un fonctionnaire sur trois qui part à la retraite à partir de 2027 et la réduction de 3 000 emplois publics. Cette dernière mesure ne concernera pas les futurs professeurs de l'Education nationale.
@Domsotber : Vos commentaires se focalisent sur l'impact pour les "salariés" et les taxes, mais où sont les économies concernant l'Etat et les collectivités territoriales ?
En plus de l'Etat (dix milliards d'économies), les collectivités devront réaliser 5,3 milliards d'euros d'économies. Les services du Premier ministre expliquent que "leurs dépenses ne doivent pas progresser plus vite que les ressources de la nation". C'est à peu près ce que le gouvernement avait déjà demandé aux collectivités locales l'an dernier, avant de réduire la facture face à la fronde des élus.
@Mimilamite75 : Peut-être que @Romain1 voulait parler des économies à faire sur les payes et les indemnités et avantages dont bénéficient les divers élus ? Au-delà de l'année blanche qui sera peut-être appliquée pour certains...
Cette question revient dans plusieurs commentaires. Est-ce que les députés, sénateurs et élus de la République vont baisser leurs salaires ? A priori, ce n'est pas le projet non. Pour rappel, les députés et les sénateurs touchent un salaire brut de 7 637,39 euros par mois.
@V62. : Bonjour franceinfo, une contribution pour les très hauts revenus a été annoncée. Quel est le barème de ces revenus ? Une intuition me dit que ça ne va toucher qu'une toute petite partie de la population.
Le Premier ministre n'a pas précisé les contours de sa "contribution de solidarité" pour les Français "les plus fortunés" mardi, mais la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, a précisé mercredi après le Conseil des ministres que François Bayrou souhaitait maintenir la contribution différentielle sur les hauts revenus (CDHR), qui a été adoptée dans le précédent budget jusqu'en 2027. Elle doit permettre de garantir l'imposition des ménages à un taux moyen minimum de 20% et de lutter contre l'optimisation fiscale. Elle concerne ceux qui ont un revenu fiscal de référence supérieur à 250 000 euros pour un célibataire et 500 000 euros pour un couple.
@Mambos : Pourquoi ne demandez-vous pas à vos intervenants pourquoi ils ne parlent jamais de la taxe Zucman, qui a été retoquée par nos chers sénateurs ? Et à vous mesdames et messieurs les journalistes, pourquoi ne les relancez-vous jamais là-dessus ? Vous vous faites enfumer avec la suppression des jours fériés plutôt que d'aller sur le fond :-)
Nous avons déjà consacré plusieurs articles à la taxe Zucman, adoptée par les députés mais en effet rejetée par les sénateurs. Cette mesure, qui vise à créer un impôt plancher pour les 0,01% des contribuables les plus aisés (les milliardaires), est soutenue par la gauche, mais le gouvernement et Emmanuel Macron s'y opposent. Ils craignent un exil des plus riches et affirment, pour résumer rapidement, qu'elle ne servirait à rien si elle n'était pas appliquée au niveau européen et mondial.
@Rourou33 : J'ai peut-être raté mais que deviennent les crédits d'impôt pour les seniors ?
J'imagine que vous faites référence aux niches fiscales que le gouvernement veut supprimer. Les dispositifs supprimés seront précisés dans les prochains jours, mais l'entourage du ministre de l'Economie a déjà dit que les niches fiscales visant les plus fragiles seront exemptées. On peut donc imaginer que celles qui bénéficient aux seniors mais aussi aux personnes handicapées ne seront pas concernées.
@ybravo : 20% des Français sont-ils en affection longue durée (ALD) ? Vrai ou faux ?
C'est effectivement vrai. Selon les chiffres communiqués l'an dernier par l'Assurance-maladie, 13,8 millions de Français étaient concernés en 2022 par des affections de longue durée (ALD) et le dispositif, qui permet une prise en charge à 100% des soins et traitements, représente deux tiers des dépenses annuelles de la Caisse nationale d'assurance-maladie (Cnam).
@Kat" : Bonjour ! Et merci pour tous vos éclairages. Je n'ai pas compris quels seraient les médicaments et soins qui sortiraient de la prise en charge à 100% dans le cadre d'une ALD ?
François Bayrou a évoqué les médicaments "sans lien" avec la maladie ou "à faible effet médical", sans donner davantage de précisions pour le moment. J'imagine que cela sera éclairci dans les prochains jours, notamment par le ministère de la Santé.
@Maxparis : Je n'ai pas compris quelles sont les mesures imaginées pour l'assurance-chômage ? Elles ont une chance d'aboutir ?
Je crois que vous n'êtes pas le seul, tout simplement parce que François Bayrou a seulement dit vouloir proposer des négociations aux partenaires sociaux (syndicats et patronat) dans les prochains jours sur l'assurance-chômage et sur le droit du travail. La dernière réforme menée l'an dernier par Gabriel Attal, qui avait été suspendue puis abandonnée en raison de la dissolution, prévoyait de raccourcir la durée de versement d'une allocation (de dix-huit à quinze mois) et d'allonger le nombre de jours travaillés pour y être éligible (huit mois contre six actuellement).
@aar_baum : Les annonces de François Bayrou ont-elles une chance d'entraîner une censure ?
Je ne suis pas spécialisé sur les questions de politique, donc je vous invite à lire l'article de ma collègue Margaux Duguet, qui explique que les oppositions ont immédiatement critiqué les orientations budgétaires du Premier ministre et brandi la menace d'une censure. Mais François Bayrou, en annonçant très tôt son projet (cela arrive normalement fin septembre), espère encore négocier avec plusieurs marges de manœuvre.