Guerre entre Israël et le Hamas : ce que l'on sait des négociations sur la deuxième phase de la trêve dans la bande de Gaza

Les négociations s'annoncent rudes. Le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, rend visite à son homologue américain Donald Trump, mardi 4 février, pour aborder la deuxième phase de la trêve entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza. 

La première étape prévoit la libération de 33 otages israéliens, détenus par le mouvement islamiste, contre environ 1 900 prisonniers palestiniens. Pour l'heure, quinze otages et 400 prisonniers ont retrouvé la liberté. Cette phase, qui a débuté le 19 janvier, doit durer six semaines et doit donc se terminer en théorie le 1er mars pour laisser place à la deuxième phase. Voici ce que l'on sait des négociations sur la prochaine étape. 

Les derniers otages en vie dans la bande de Gaza doivent être libérés

La deuxième phase du cessez-le-feu s'étalera, elle aussi, sur quarante-deux jours. Elle doit permettre la libération des derniers otages en vie retenus dans la bande de Gaza, "notamment les hommes et les soldats", avait précisé l'ex-président américain Joe Biden, à l'époque de la signature de la trêve. Car si la première phase se déroule comme prévu, le Hamas détiendra encore 59 otages, morts ou vivants, d'après le quotidien Haaretz. En échange, de nouveaux prisonniers palestiniens doivent être libérés. 

La fin de la guerre, déclenchée par l'attaque du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023, est également prévue à cette étape de l'accord. "Le cessez-le-feu temporaire deviendra alors permanent", avait affirmé Joe Biden. L'armée israélienne devra donc poursuivre son retrait de la bande de Gaza, engagé depuis le 19 janvier. La reconstruction du territoire s'étalera enfin sur plusieurs années dans le cadre de la troisième et dernière phase de l'accord.

Les médiations au Qatar doivent reprendre

Plusieurs détails doivent encore être définis lors d'un nouveau cycle de négociations, qui a débuté lundi, selon le Premier ministre israélien. Benyamin Nétanyahou s'est entretenu avec Steve Witkoff, envoyé spécial de Donald Trump pour le Moyen-Orient, et doit rencontrer le président américain mardi pour évoquer "la victoire contre le Hamas, le retour de tous nos otages et la lutte contre l'axe iranien", a précisé le chef du gouvernement.

Deux responsables du Hamas ont assuré, lundi à l'AFP, que le mouvement islamiste était "prêt à entamer les négociations pour la deuxième phase" du cessez-le-feu avec Israël. Les discussions porteront notamment sur "la prévention d'un retour à la guerre, le retrait militaire" israélien de la bande de Gaza et "les critères" des échanges entre les derniers otages israéliens et les prisonniers palestiniens, a précisé l'un d'eux. "Nous attendons que les médiateurs lancent la deuxième phase", a ajouté l'autre responsable.

Steve Witkoff doit échanger dans la semaine avec le Premier ministre du Qatar et de hauts responsables égyptiens, qui assurent la médiation aux côtés des Etats-Unis. L'Etat hébreu a, de son côté, annoncé mardi envoyer une délégation au Qatar "en fin de semaine" pour continuer les négociations.

Trump fait pression sur Nétanyahou pour que le cessez-le-feu tienne

Donald Trump a prévenu lundi qu'il n'y avait "aucune garantie" que le cessez-le-feu tienne. Steve Witkoff, qui était présent à ses côtés, a ajouté : "Cela tient jusqu'ici et nous avons certainement l'espoir (...) de faire sortir les otages, de sauver des vies et d'arriver, nous l'espérons, à une résolution pacifique de tout cela."

Une partie de la coalition gouvernementale israélienne veut reprendre les combats dès la fin de la première phase. A défaut, le ministre des Finances d'extrême droite Bezalel Smotrich menace de quitter le gouvernement. Cela priverait Benyamin Nétanyahou de majorité, car Itamar Ben Gvir, l'ex-ministre de la Sécurité nationale, également d'extrême droite, avait claqué la porte dès la signature du cessez-le-feu.

Reste à savoir à quel point Donald Trump poussera son homologue israélien à s'en tenir à l'accord de trêve, juge Gayil Talshir, politologue à l'université hébraïque, auprès du Washington Post : "C'est une chose de dire à [Benyamin Nétanyahou] : 'Vous devez terminer la guerre et récupérer les otages, à un moment donné', et c'en est une autre de lui dire : 'Non, vous ne retournerez pas au combat'"

"La fin de la guerre signifiera de nouvelles élections en Israël."

Gayil Talshir, chercheuse à l'université hébraïque de Jérusalem

au Washington Post

Mais les discussions doivent aussi porter sur les relations entre Israël et l'Arabie saoudite, que le président américain souhaite normaliser, comme le souligne l'institut de recherche Chatham House. "Si Donald Trump demande [à Benyamin Nétanyahou] de faire des concessions aux Palestiniens pour obtenir la normalisation entre Israël et l'Arabie saoudite", le Premier ministre israélien "devra choisir entre une relation privilégiée avec le président américain ou le maintien de sa coalition", résume Céline Touboul, codirectrice de la Fondation pour la coopération économique, auprès de l'AFP.