Champions Cup : «Voir Castres en 8e de finale, je trouve ça beau pour le club et la ville», quand les héros de 2002 saluent leurs héritiers
Longtemps, le Castres Olympique aura été la risée du rugby français dans les joutes européennes. Il faut dire que le club tarnais n’a plus goûté aux phases finales de la compétition depuis... 2002, malgré de nombreuses qualifications en Top 14 et deux boucliers de Brennus, en 2013 et 2018. Mais cette saison, la donne a changé. Avec un tableau relativement favorable et une formule plus ouverte, le club entraîné par Xavier Sadourny a retrouvé, 23 ans après (!), les phases finales de la compétition reine et défiera samedi les Italiens de Trévise.
«Voir le CO en huitième de finale de la Champions Cup, je trouve ça beau pour le club et pour la ville», amorce l’ancien demi de mêlée Alexandre Albouy au Figaro. Ce dernier se remémore la dernière qualification européenne de son équipe dans une rencontre où il avait été titularisé. «Quand on évoque 2002, il me reste cette demi-finale à Béziers contre l’ogre du Munster et le parcours effectué pour arriver jusque dans le dernier carré avec notamment une victoire aux Harlequins en début de compétition. Il y avait eu aussi un quart de finale contre Clermont à Castres qui avait été très serré».
Son ancien coéquipier Romain Teulet embraye : «Personnellement, c’était ma première année à Castres. je découvrais un nouveau club, une nouvelle équipe, un nouveau championnat... Et d’entrée, on affronte justement le Munster en poules où on fait un gros match. En plus, je mettais 18 points au pied. Ensuite, c’était un sans-faute jusqu’à cette demi-finale face à ces mêmes Irlandais. Ça reste un énorme souvenir, la preuve, 23 ans après on en parle encore». La courte défaite en demi-finale (25-17) n’est pourtant pas un mauvais souvenir.
Mola, Costes, Ibanez...
Rappelons qu’en championnat, les Tarnais ont longtemps lutté pour le maintien. Surtout, la saison chaotique se conclut par l’éviction de deux entraîneurs, d’abord Alain Gaillard, puis Rémi Trémoulet. En fin de saison, le CO termine même en autogestion, avec notamment le talonneur international Raphaël Ibanez aux commandes. Une «saison particulière» mais Romain Teulet ne veut pas parler de «surprise» concernant l’épopée européenne des Castrais cette année-là.
«Une surprise, oui et non. L’année d’avant, l’équipe joue une demi-finale de championnat de France contre Toulouse. L’année d’après, on est dans le dur dans le championnat mais on avait une énorme équipe avec plein d’internationaux comme Ugo Mola, Raphaël Ibanez, Arnaud Costes, Gregor Townsend par exemple. On pouvait largement jouer sur les deux tableaux !», narre l’ancien arrière interrogé par nos soins.
On n’avait pas des effectifs toujours conséquents. Il y avait peut-être moins d’émulation que cette année. Je trouve que depuis maintenant deux ou trois ans, il y a une volonté de la part de l’équipe de vouloir bien y figurer parce qu’ils ont conscience que c’est quand même la plus belle compétition qui est sur le continent. C’est la Ligue des champions en rugby
Romain Teulet, ancien arrière du Castres olympique (2001-2014)
Albouy répond : «Cette épopée nous a redonné de la confiance». Cette longue et belle aventure n’a finalement pas été suivie par les générations qui se sont succédé. Au point de faire naître de nombreuses critiques... «C’est vrai que souvent, le club a été décrié car on se qualifiait pour les phases finales du championnat mais on ne jouait pas toujours le jeu en Coupe d’Europe. Soi-disant... C’est vrai qu’on peut nous le reprocher. Mais il y a des moments où il y a eu des choix à faire. On n’avait pas des effectifs toujours conséquents. Il y avait peut-être moins d’émulation que cette année. Je trouve que depuis maintenant deux ou trois ans, il y a une volonté de la part de l’équipe de vouloir bien y figurer parce qu’ils ont conscience que c’est quand même la plus belle compétition qui est sur le continent. C’est la Ligue des champions en rugby», abonde Romain Teulet.
Le pire des tirages
Alexandre Albouy acquiesce. «Galvauder ? Je vous le dis directement, non. Quand on a la chance d’y participer, on se doit de tout donner. Pendant longtemps, Castres n’a pas boxé dans la même catégorie que les autres mastodontes du niveau européen». Preuve d’un renouveau, la venue des Italiens de Trévise pour un 8e de finale de Champions Cup représente une véritable chance pour les Castrais. Au point de penser déjà à une qualification en quart de finale ? «Je dirai l’inverse. C’est un gros piège», affirme Teulet, consultant du jeu au pied de l’équipe castraise. Il ajoute : «Sur les 42 joueurs qu’ils possèdent, ils ont 33 internationaux avec une majorité de très bons joueurs italiens. Certes l’Italie a pris quelques déconvenues mais on voit du mieux dans leur jeu car ce sont des joueurs qui jouent ensemble en sélection et dans leur club».
Romain Teulet va même plus loin. «Pour moi, c’est certainement le plus dur des tirages. Nous ne sommes pas le Stade Toulousain ou l’UBB pour avoir un statut de favoris. On se doit d’être très humbles. Cette équipe va nous poser de gros problèmes», se soucie l’ancien buteur, qui voit une victoire de son équipe de moins de 5 points. Albouy, lui, veut aussi y croire. «Ce sera compliqué mais je dirai Castres bien sûr». Paris lancés. Avec l’espoir de retrouver l’équipe tarnaise encore un peu plus haut dans cette compétition, aux bons souvenirs de 2002...