Réchauffement climatique : à Tuvalu, des habitants bénéficient des premiers visas climatiques de l'histoire
Depuis longtemps l’expression “réfugié climatique” fait en référence aux populations qui risquent de devoir quitter leur pays en raison du bouleversement climatique. Cette expression s’applique concrètement aux habitants de Tuvalu, un État insulaire situé en Polynésie, dans l’Océan Pacifique. Il s'agit de neuf petits atolls, situés complètement à l’ouest de l’Australie et au nord des Fidji.
Tuvalu dispose d'un gouvernement indépendant et recense 11 000 habitants sur un territoire se trouvant à seulement trois mètres au-dessus du niveau de la mer.
Les projections montrent que, d’ici la fin du siècle, presque l'ensemble du pays sera submergé et donc inhabitable. Le gouvernement négocie depuis longtemps avec d’autres nations pour essayer de trouver un avenir pour ses habitants. Cette semaine, des habitants de Tuvalu devraient donc recevoir les premiers visas climatiques pour aller vivre en Australie.
Des visas attribués par tirage au sort
Les gouvernements de Tuvalu et de l’Australie ont trouvé un accord concernant un visa de migration exceptionnel. Techniquement, il s’appelle "l’offre de mobilité Falepili", Falepili étant du Tuvaluan, la langue locale, qui signifie "respect mutuel". Dans le cadre de cet accord, l’Australie s'engage à accueillir, chaque année, sur son territoire, 280 habitants de Tuvalu. Ces derniers auront le droit de s’installer de manière permanente, d’étudier et de travailler, comme des citoyens australiens. Pour obtenir ce visa, il faut, toutefois avoir plus de 18 ans. Au total, 5 000 habitants de Tuvalu, soit presque un habitant sur deux, ont déposé un dossier. Les premiers tirages au sort devraient avoir lieu à la fin du mois de juillet pour distribuer les 280 premiers visas climatiques.
L'Australie fait beaucoup pour essayer d’aider toutes les petites nations de Polynésie à lutter contre le bouleversement climatique. Néanmoins, il y a également un intérêt stratégique. Cette partie de l’océan Pacifique est au cœur d’une bataille d’influence contre la Chine qui cherche à créer un réseau de gouvernements alliés dans la région. Le gouvernement de Pékin souhaiterait, à terme, y installer des bases militaires. L’Australie voulait s’assurer de maintenir un rapport privilégié avec Tuvalu, qui contrôle une immense zone maritime. Les visas climatiques vont donc permettre de renforcer ce lien diplomatique et d’empêcher que Tuvalu ne bascule dans le camp chinois.