Menacés par la montée des eaux, un tiers des habitants des îles Tuvalu ont demandé un visa climatique à l'Australie
Un visa pour se sauver de la montée des eaux. Près d'un habitant sur trois des îles Tuvalu, archipel du sud-ouest du Pacifique pris au piège par la montée du niveau des océans, a postulé pour obtenir un visa australien. Soit plus de 3 000 des quelque 10 000 habitants de l'Etat atollien, selon des chiffres officiels obtenus par l'AFP.
L'Australie prévoit d'offrir chaque année à partir de 2025 des visas spécifiques aux citoyens des Tuvalu dans le cadre d'un accord entré en vigueur en 2024 baptisé "l'Union Falepili", un terme en langue tuvaluane qui signifie "prendre soin de son voisin". Ces titres de séjours accordent aux Tuvaluans un droit de résidence et de travail, ainsi qu'un accès aux services publics, notamment de santé et d’éducation.
Ouvertes depuis la semaine dernière, les inscriptions au tirage au sort, qui coûtent 25 dollars australiens (un peu moins de 14 euros), se terminent le 18 juillet. Cependant, ce premier tirage au sort, qui débute le 25 juillet, ne mettra en jeu que 280 visas.
La capitale largement inondée d'ici 2050 ?
Selon le porte-parole du ministère australien des Affaires étrangères et du Commerce, il s'agit du "premier accord de ce type dans le monde" permettant aux Tuvaluans une "mobilité dans la dignité alors que les bouleversements climatiques s'aggravent".
En contrepartie, ce traité prévoit que le petit Etat insulaire ne peut signer de traité de sécurité ou de défense avec un pays tiers sans l'accord de l'Australie. Une mesure qui permet à Canberra de freiner l'influence chinoise dans la région, alors que les îles Tuvalu font partie des 12 pays à travers le monde qui reconnaissent officiellement Taïwan.
Les Tuvalu, constitués uniquement d'atolls coralliens de très basse altitude, font partie des territoires les plus menacés par le changement climatique et la montée du niveau des océans. D'ici 2050, la moitié de la superficie de la capitale pourrait être inondée à marée haute, comme le détaille le plan d'adaptation de l'île.
A l'occasion de la COP26, le ministre des Affaires étrangères des Tuvalu, Simon Kofe, avait d'ailleurs pris la parole depuis son archipel, de l'eau jusqu'aux genoux, pour dénoncer l'inaction climatique. "On ne peut plus attendre des discours quand nous voyons la mer monter jour après jour", avait-t-il déclaré dans ce discours devenu depuis historique.
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D'après les experts, les îles Tuvalu pourraient devenir le premier pays à être entièrement inhabitable. Et ce d'ici 80 ans. Deux des neuf atolls ont déjà été largement submergés par les eaux, suite à une montée du niveau des océans de 14 cm au cours des 30 dernières années, selon les chiffres de la Nasa.
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