Soudan : 300 personnes massacrées en trois jours, l’ONU déplore un « risque de génocide »
Depuis qu’Adbel Fattah Al-Bourhane, chef de l’armée régulière et, de fait, de l’État, a repris la capitale fin mars 2025, la guerre civile s’est déplacée dans d’autres régions du Soudan : le Darfour, à l’ouest, et désormais le Kordofan au sud.
C’est là, dans le Nord-Kordofan, que les milices des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohammed Hamdan Daglo, dit « Hemetti », mènent de nombreuses attaques contre des civils.
Depuis une semaine, les hommes du FSR s’en sont pris à plusieurs localités de la région de Bara, ville stratégique et carrefour du Nord-Kordofan, vital pour l’approvisionnement en carburant venu de Libye. Les crimes se succèdent : le 12 juillet, au moins 200 personnes civiles ont été tuées lors de l’attaque du village de Shaq el-Nom, selon une source locale citée par l’AFP, qui évoque des « tirs de mitrailleuses et des attaques de drones ».
Le lendemain, 48 personnes sont mortes lors de l’assaut des FSR sur le village d’Oum Garfa, à 90 km au nord de Bara. En trois jours, ce sont 300 civils qui ont été massacrés, selon le collectif Emergency Lawyers, un organisme indépendant qui documente les crimes commis par les deux camps.
La situation à l’ouest, dans la région du Darfour, reste également très préoccupante. Les FSR assiègent toujours la ville de El-Fasher, la capitale du Darfour du Nord, depuis plus d’un an. Le 12 juillet une attaque de la ville a été repoussée par l’armée soudanaise.
Le 10 juillet dernier, la procureure adjointe de la Cour pénale internationale, Nazhat Shameen Khan, avait alerté le Conseil de sécurité de l’ONU, affirmant avoir « de bonnes raisons de penser que des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité » sont commis au Darfour.
Si elle n’a pas désigné de responsables, ce sont bien les FSR qui sont visés, et il y a toutes les raisons d’estimer que ces crimes sont également commis au Kordofan.
Le conflit entre l’armée soudanaise et les FSR perdure depuis avril 2023. Il a d’ores et déjà fait plusieurs dizaines de milliers de morts et près de 13 millions de déplacés, internes ou externes au pays.
De nombreux pays y sont impliqués : Égypte, Iran qui soutiennent l’armée régulière, tandis que Tchad, Kenya, et surtout les Émirats arabes unis soutiennent les FSR. Pour des raisons de contrôle des routes et des flux commerciaux, d’influence régionale et d’accès aux ressources du pays, à commencer par l’or.
Être le journal de la paix, notre défi quotidien
Depuis Jaurès, la défense de la paix est dans notre ADN.
- Qui informe encore aujourd’hui sur les actions des pacifistes pour le désarmement ?
- Combien de médias rappellent que les combats de décolonisation ont encore cours, et qu’ils doivent être soutenus ?
- Combien valorisent les solidarités internationales, et s’engagent sans ambiguïté aux côtés des exilés ?
Nos valeurs n’ont pas de frontières.
Aidez-nous à soutenir le droit à l’autodétermination et l’option de la paix.
Je veux en savoir plus !