Iran : muselée ou contestée, quel est l'état de l'opposition ?
Au septième jour de guerre entre Israël et l’Iran, le régime iranien tient toujours debout, jeudi 19 juin. Comme à chaque fois qu'il est menacé, se pose la question de la relève. Est-elle prête à accéder au pouvoir ? Il y a des voix iraniennes qui parlent depuis l’étranger, mais qui sont loin de faire l’unanimité dans leur pays. C'est le cas notamment de Reza Pahlavi, fils du dernier chah d’Iran, renversé en 1979 par la révolution islamique. Depuis le début de l’attaque israélienne, il multiplie les messages sur le réseau social X, comme mardi 17 juin, dans une vidéo.
"Khamenei tel un rat s'est réfugié sous terre et a perdu le contrôle de la situation" dit-il. "L’appareil de répression du régime s’effondre, tout ce qu’il faut maintenant, c’est un soulèvement national pour mettre fin à ce cauchemar une bonne fois pour toutes”. Mais la voix de Reza Pahlavi porte peu en Iran. Exilé depuis 45 ans aux États-Unis, il n’est pas très connu dans son pays, et quand on parle de lui, c'est plutôt pour le critiquer, soulignant sa proximité avec Israël, et son mode de vie à l’occidentale.
Une autre voix essaie de porter dans le fracas des bombes, celle des moudjahidines du peuple. Cette organisation chassée d'Iran en 1981 s'est installée en France, à Auvers-sur-Oise. Sa présidente, Maryam Radjavi, appelle elle aussi à un changement de régime. Elle l'a redit mercredi lors d'un point presse au Parlement européen à Strasbourg. Les moudjahidines du peuple étaient classée comme organisation terroriste jusqu'en 2012, mais ils disposent aujourd'hui de soutiens dans le monde occidental. En Iran, en revanche, ils n'ont pas d’assise populaire, et sont discrédités pour avoir combattu contre le pays aux côtés de l’Irak de Saddam Hussein, lors de la guerre de 1980-1988.
Des opposants tués ou emprisonnés par le régime
À l'intérieur des frontières iraniennes, là aussi les alternatives semblent réduites. L’opposition au régime s’est notamment exprimée en 2022, après la mort de Masha Amini. Les manifestations ont été sévèrement réprimées. Des opposants politiques, leaders syndicaux ou encore étudiants ont été tués ou emprisonnés. Comment, dans ces conditions, organiser la relève ?
Mercredi, à la télévision d'État, les Iraniens ont eu la surprise de voir des images de femmes se coupant les cheveux (signe d'opposition au régime) et des appels à descendre dans la rue. Un piratage, dénoncé par Téhéran, qui y voit la main d'Israël. Cette information reste difficile à vérifier, en l'absence de revendication. Pour certains membres et soutiens du mouvement Femme Vie Liberté, ce n'est pas à Israël de dicter le tempo, il faut d'abord arrêter les bombardements avant de penser à un soulèvement populaire. La prix Nobel de la Paix, Narges Mohammadi, indique ainsi dans une courte interview à la BBC que "la liberté ne peut être le fruit de la violence et de la guerre".