Budget 2025 : négociation ou censure, la gauche diverge

Est-il possible de négocier avec la Macronie pour la faire changer de cap ? La question divise au sein du Nouveau Front populaire (NFP). « La gauche du tout ou rien, c’est aujourd’hui la gauche du rien », a lancé ce jeudi sur TF1 Olivier Faure. Le premier secrétaire du PS a été reçu cette semaine à Bercy et entend « arracher des victoires pour les Français et infléchir la politique conduite depuis sept ans par Emmanuel Macron. Je veux qu’il y ait dans les trente prochains mois des changements dans le domaine de l’éducation, de la santé, de la justice fiscale, de la transition écologique ». Sans « concessions remarquables », les socialistes se disent prêts à censurer le gouvernement, comme ils l’avaient fait pour celui de Michel Barnier.

Alors que le premier ministre François Bayrou doit prononcer mardi son discours de politique générale, les écologistes et les communistes ont eux aussi été reçus cette semaine par le ministre de l’Économie Eric Lombard. « Nous ne signerons aucun chèque en blanc », a fait savoir le PCF, dont la délégation menée par Fabien Roussel a notamment réclamé l’abrogation de la réforme des retraites, le rétablissement de l’ISF, une hausse de la taxation du capital, une indexation des salaires et des pensions sur l’inflation et des moyens à la hauteur pour les services publics. « L’abrogation de la réforme des retraites, c’est la condition sine qua non pour commencer les discussions avec nous », a également annoncé Marine Tondelier, secrétaire nationale des écologistes, à la sortie de son rendez-vous.

LFI sceptique n’a pas assisté aux rencontres

« Rien n’est achevé et c’est une vraie négociation », a pour sa part expliqué Olivier Faure, qui assure que le gouvernement n’a pas posé de « veto » sur la question des retraites. Une partie de la gauche espère ainsi faire changer la Macronie de direction, en obtenant des conquêtes et en devenant l’arbitre des réformes, à la place du Rassemblement national qui s’était imposé dans ce rôle sous Michel Barnier.

La France insoumise a pour sa part refusé de participer à ces rencontres. « Les retraites c’est LE marqueur des macronistes, ils n’y toucheront pas. Tous ceux qui négocient vont vite voir cette comédie cesser, et rentrer à la maison bredouille. Je suis persuadé que le 16, la quasi-intégralité des députés NFP voteront la censure », estime un cadre FI.

« Notre objectif, c’est d’aboutir avant mardi à une série de mesures qui pourraient justifier une non-censure de la part de la gauche et des écologistes », assume de son côté Philippe Brun, député PS. Une stratégie qui cristallise les tensions au sein du NFP. « Aucun accord de non-censure du PS et d’EELV ne nous concernera jamais », a réagi Jean-Luc Mélenchon sur X, ajoutant que « cette façon de négocier dans le dos du NFP et contre son programme est une forfaiture d’un irrespect total pour notre alliance ».

« Dans le dos du NFP ? Ceux qui négocient représentent 121 députés de gauche sur 192, et l’intégralité des 98 sénateurs de gauche ! Le NFP, c’est nous », lui a répondu Philippe Brun. « Je mets en garde le PS, la détestation populaire contre ce parti peut revenir vite. Je rappelle qu’avant la Nupes, ils ne pouvaient pas mettre un pied en manifestation sans être hués », prévient pour sa part Manuel Bompard, député et coordinateur de la FI. Reste à savoir quel sera le contenu du discours de François Bayrou ce mardi, et s’il fait des gestes vers la gauche, ou non.

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