Proposition de loi Duplomb : "Le principe de précaution n'est pas pris en compte", dénonce la Ligue nationale contre le cancer

Les députés doivent se prononcer, mardi 8 juillet, sur la loi Duplomb pour "lever les contraintes" des agriculteurs. Un ultime vote pour valider une proposition de loi très décriée et une mesure phare : réautoriser un pesticide interdit de la famille des néonicotinoïdes, surnommés les tueurs d'abeilles, ce qui scandalise les défenseurs de l'environnement. Mais ce texte inquiète aussi le monde de la santé.

La fondation pour la recherche médicale, Médecins du monde, plusieurs centaines de médecins dans une lettre ouverte au printemps et désormais la Ligue nationale contre le cancer... Tous s'inquiètent de cette proposition de loi Duplomb qui prévoit de réintroduire l'acétamipride, un néonicotinoïde jusqu'ici interdit.

"On a l'impression d'une vraie régression"

Francelyne Marano est présidente du "comité de pilotage cancer et environnement" de la Ligue contre le cancer : "En 2022, une étude expérimentale a montré que cette molécule pouvait provoquer le cancer du sein chez la souris. Le principe de précaution n'est pas pris en compte dans le cadre de cette loi, c'est une évidence."

Mais au-delà du seul cas de l'acétamipride, l'association alerte sur un risque de "dérégulation" des pesticides. Cette loi ouvre la porte à d'autres reculs, redoute Francelyne Marano : "Parce que ça peut se faire sur d'autres molécules et on sait que les pesticides sont responsables d'un certain nombre de cancers. Ce qui nous inquiète, c'est la remise en question des règles établies à partir de données scientifiques. On a l'impression d'une vraie régression."

La Ligue demande plutôt d'investir dans la recherche pour développer des alternatives aux pesticides et mieux connaître les effets de ces produits sur la santé. Il en va de la "sécurité des futures générations ", alerte l'association.