L'usine chimique Vencorex, dont l'activité est indispensable à la dissuasion nucléaire française, va être reprise par le groupe chinois Wanhua

La reprise partielle de l'usine chimique stratégique en difficulté Vencorex, près de Grenoble, a été attribuée jeudi 10 avril au groupe chinois Wanhua, via sa filiale hongroise BorsodChem, qui gardera une cinquantaine d'emplois, selon la décision du tribunal de commerce de Lyon consultée par l'AFP. L'entreprise comptait quelque 300 employés restants (ils étaient 450 en septembre 2024). Le sel produit par l'usine est indispensable à la fabrication de missiles de la dissuasion nucléaire et de fusées.

L'offre concurrente de création d'une société coopérative d'intérêt collectif (SCIC), mise sur pied en urgence par des salariés de Vencorex et des collectivités locales et qui aurait permis de protéger les emplois, est jugée "irrecevable", notamment parce que les "financements (...) n'ont pas été réunis", indique le tribunal.

Dossier stratégique

Wanhua, est le principal concurrent de Vencorex, via une filiale hongroise (BorsodChem). Il prévoit d'investir 10 millions d'euros et de ne conserver que 50 emplois. Wanhua avait précédemment proposé d'investir un million d'euros et de garder seulement 25 salariés.

L'usine Vencorex est en redressement judiciaire depuis le 10 septembre, à la demande de son unique actionnaire, le groupe thaïlandais de pétrochimie PTT GC. L'usine chimique souffre de la concurrence chinoise et met en avant un marché devenu "hyper concurrentiel" depuis 2022.

Mais le dossier dépasse la seule usine du Pont-de-Claix, située au sud de Grenoble. Les syndicats et des personnalités politiques locales et nationales – Jean-Luc Mélechon(Nouvelle fenêtre) ou François Hollande(Nouvelle fenêtre) se sont investis dans le dossier en se rendant sur place – s'inquiètent d'un effet domino sur l'ensemble de "la vallée de la chimie", qui emploie près de 6 000 personnes autour de Grenoble. Vencorex, qui produit un sel très pur, joue un rôle central pour la chimie régionale.