TÉMOIGNAGES. "On a ri jaune en apprenant ça" : dans la bande de Gaza, l'annonce israélienne de coupures d'électricité inquiète sans surprendre

Les émissaires israéliens sont à Doha, au Qatar, lundi 10 mars, afin d'y reprendre les négociations sur la poursuite de la trêve à Gaza. Une annonce qui avait fait croire à un début de détente. Mais les espoirs ont été douchés dimanche soir avec la déclaration d'Eli Cohen, le ministre de l'Énergie israélien, qui a annoncé la coupure de l'électricité dans la bande de Gaza. Une décision qui risque d'entraîner la mise à l'arrêt de l'usine de dessalement d'eau qui dessert plus de 600 000 personnes dans l'enclave palestinienne.

Avec sa connexion chancelante, Ola, âgée de 20 ans, raconte que depuis la guerre, elle ne va plus en cours. À la place, elle passe son temps à sillonner l'enclave, smartphone en main pour documenter la situation à Gaza. L'électricité est un casse-tête du quotidien pour elle. "À chaque fois que je veux charger mon téléphone, c'est la galère, explique la jeune femme. Je suis obligée d'essayer de trouver quelqu'un qui puisse me le recharger grâce aux panneaux solaires. Pour cuisiner, on a recours à du bois. Et le linge, on le lave à la main parce qu'il n'y a ni machine à laver ni électricité."

"Il va être difficile de traiter les eaux usées"

Fadi vit aussi à Gaza. Il est ingénieur de formation. Il a appris la décision israélienne sur les réseaux sociaux. "On a ri jaune en apprenant ça à Gaza parce que c'est depuis le 7 octobre 2023 que nous n'avons pas d'électricité ici, raconte le Palestinien. Sans électricité, il va être difficile de traiter les eaux usées. Et donc les rues risquent d'être envahies par ces eaux contaminées. Et cela peut avoir des conséquences sur l'environnement et dans la propagation de maladies."

Début mars, Israël avait décidé de stopper l'entrée de l'aide humanitaire à Gaza. En coupant l'électricité, les Israéliens espèrent faire davantage pression sur le Hamas alors que des négociations reprennent.